Il fait une chaleur torride pour les retrouvailles des Guns N’ Roses avec le public parisien. Celui-ci, composé de quadras pour une bonne partie accompagnés de leurs enfants, commence à remplir le Stade de France dès l’ouverture des portes afin de sacrifier au sacro-saint rituel bière+hot-dog et du merchandising à profusion.
La première partie est assurée par le quatuor de Nashville Tyler Bryant and The Shakedown : du rock’n’roll de bonne facture mais sans grande originalité. C’est maintenant au tour des écossais de Biffy Clyro de dérouler leur rock hard-psyché. Le chanteur/guitariste Simon Neill est torse nu, comme à son habitude. Certains spectateurs sont de véritables fans mais la prestation ne déchaine pas la foule pour autant.
L’écran géant fait tourner une animation de revolvers qui tirent des coups à intervalles réguliers. Guns N’ Roses arrivent sur scène à l’heure (les derniers concerts à Paris avaient enregistré 2h de retard !) et démarrent avec « It’s so easy ». De la tribune, le son est assez moyen (mais il semble que le ressenti soit bien meilleur en fosse).
Les 3 membres d’origine concentrent toute l’attention tandis que les 4 musiciens additionnels (Richard Fortus à la guitare, Frank Ferrer à la batterie, Melissa Reese et Dizzy Reed aux claviers) se font plus discrets. Ils enchainent avec le morceau « Mr Brownstone » de leur premier et culte album « Appetite for destruction ».
Les écrans géants diffusent les images d’un Axl Rose un peu empâté qui n’a toujours pas trouvé les clés du bon goût au niveau vestimentaire ! Il chante bien et ondule dans son style inimitable. L’ambiance retombe quelque peu avec le titre « Chinese democracy ». L’intro de « Welcome to the jungle » électrise la foule qui reprend en chœur « You know where you are ? you’re in the jungle baby, you’re gonna die ».
Après les morceaux tirés des 2 albums « Use your illusion », G’n’R joue la classique reprise des Wings « Live and let die ». L’enchainement « Rocket Queen « suivi de « You could be mine » prépare idéalement le terrain pour la reprise de « New Rose » des Damned, chanté par Duff McKagan ; il est sec, impérial, ressemble de plus en plus à David Bowie, et assume parfaitement l’influence punk du groupe.
Slash est phénoménal ; il se déporte régulièrement au bout de la scène sur sa gauche pour actionner une pédale wah-wah lors de solos précis, au cordeau … le guitar-hero ultime ! Après la reprise du thème du film « Le parrain », Slash décoche le riff d’intro de « Sweet child O’ mine » et le public chavire. Les animations projetées en arrière-plan ne sont pas d’une grande créativité mais peu importe, le public n’a d’yeux que pour Axl / Slash / Duff !
Quelques reprises (« Wish you were here » de Pink Floyd, où l’on constate que Richard Fortus est loin d’être un second couteau et « Black hole sun » en hommage à Chris Cornell) entremêlées avec des morceaux populaires du répertoire des Guns N’ Roses (« November rain » et la reprise de Bob Dylan « Knockin’ on heaven’s door ») se concluent par « Nightrain » à l’issue duquel le groupe sort de scène.
Après 3h de show, G’n’R revient interpréter 6 morceaux en rappel, dont l’énergique « Whole lotta Rosie » d’AC/DC (maintenant qu’Axl connait les paroles, il aurait tort de se priver …) et le non moins tubesque « Paradise City ». Slash quitte la scène en marchant sur les mains.
Il ne manquait pas grand-chose pour que cet évènement devienne grandiose : le matériel est là (le 1er album est un chef d’oeuvre, les morceaux des 2 albums suivants sont intemporels, certaines reprises sont devenues des classiques … mais les dernières compositions sont soporifiques), ils ont fait le job en jouant durant 3h20 mais ça n’a pas basculé dans quelque chose d’incontrôlable.
Le public quitte le Stade de France satisfait, se demandant si les Guns sont capables d’écrire à nouveau des morceaux fulgurants et de réitérer leur blitzkrieg de 1987 …
Chronique : Stéphane Toutlouyan