L’Olympia affiche complet pour accueillir Ride, 25 ans après leurs débuts à Oxford, et quelques mois après leur reformation qui a surpris et enchanté tous les fans de shoegazing de la planète.
La première partie est assurée par le quatuor français Man Is Not A Bird : des morceaux qui s’étirent sur de longues parties instrumentales, une chanteuse qui vient donner de la voix sur un morceau, un bassiste virevoltant pour une prestation correcte mais loin d’être inoubliable.
Ride arrive sur scène dans un halo bleu et démarre par leur tube Leave Them All Behind. Le chanteur/guitariste Mark Gardener porte un chapeau qui masque son crâne dégarni ; il semble en forme, tandis que le guitariste Andy Bell est plus marqué par les années qui passent : y’a pas que les Spice Girls qui ont morflé !
Le plancher de l’Olympia ondule au rythme des têtes qui dodelinent et des pieds qui marquent le tempo. Un morceau de leur premier EP Play et ils enchainent avec Polar Bear et Seagull, deux chansons tirées du légendaire premier album Nowhere (et sa pochette, reconnaissable entre mille, qui présente une vague bleue vers… nulle part) qui constitue le premier succès du célèbre label Creation Records d’Alan McGee.
Le public est composé de quadras qui retrouvent leurs sensations de teenagers à l’époque Shoegaze : ce terme désigne les groupes de la fin des années 80 qui avaient tendance à utiliser de nombreux effets de guitares et passaient les concerts à regarder leurs pieds appuyer sur les pédales flangers, wah-wah et autres reverbs ! L’éclairage stroboscopique fait penser aux motifs de papier peint des années 70, comme dans le film Austin Powers, et aux effets (supposés) de la drogue sur la vision.
Les morceaux trainent en longueur, les paroles sont chantées en mode paresseux (on retrouve cette caractéristique dans les chansons d’Oasis, dignes héritiers de Ride), les refrains sont doublés de chœurs qui font penser aux Byrds, a fortiori quand le duo de guitaristes sort les Rickenbacker. On comprend aisément que ce groupe à guitares, à la basse groovy et aux rythmes sautillants ait tout emporté sur son passage au tournant des années 90 avec cette synthèse entre le rock et la pop psychédélique. Les roulements de batterie sont un élément essentiel des compositions de Ride ; le bassiste complète élégamment une section rythmique très efficace… même s’il ne bouge pas beaucoup.
Toute tentative d’expliquer la musique de Ride doit paraître incongrue à ceux pour qui elle fait partie de leur ADN (n’est-ce pas Vincent ?) : ces morceaux sont une telle évidence qu’il n’y a pas lieu de les décomposer ou les expliquer. Le groupe alterne entre un son très pop sur Twisterella et un mur de guitares sur des chansons telles que Perfect Time. On retrouve les riffs à la pédale wah-wah sur Paralysed, et le son qui tourbillonne.
Après 1h30 de show, Ride revient interpréter un dernier morceau en rappel avant de laisser son public sur LA question de la soirée : à quoi pourraient ressembler de nouvelles compositions millésime 2015 ?
Chronique : Stéphane Toutlouyan / Photos : Stéphane Burlot