Concert de « l’après » à la Cigale pour No One Is Innocent. Ce qui devait être une simple tournée promo s’est, bien malheureusement, transformée en tournée de Résistance. Déjà, Propaganda, 6ème album du groupe sorti en juin 2015, résonnait des attaques de janvier. Les évènements récents lui ont donné encore plus de sens. Le public a répondu présent. Ensemble, musiciens et fans ont tout donné dans un show survolté !
Bukowski a la lourde charge de tenir la première partie. Et il faut reconnaître qu’ils s’en chargent diablement bien ! Énervés, efficaces, ils chauffent le public à fond avec leurs morceaux aux accents stoner. Ils sont heureux d’être là et s’ils font participer le public, ils donnent également de leur personne ! Bukowski ne se privent pas de passer quelques messages de résistance face à ceux qui essaient de nous empêcher de vivre librement (ce ne sont pas leurs termes mais la bienséance m’interdit de les citer!).
Quelques minutes plus tard, No One Is Innocent arrivent enfin, prêts à en découdre. Avant d’entamer le show, Shanka nous présente un texte qu’il a écrit en réaction aux évènements (librement inspiré du US Marine Rifle Prayer) : « Voici ma guitare. Il y a plein de guitares, mais celle-ci c’est la mienne. Ma guitare est ma meilleure amie. Elle est ma vie. Je dois la maîtriser comme je dois maîtriser ma vie. Sans moi, elle ne sert à rien. Et sans elle, je ne sers à rien. Je dois la jouer, même si certains voudront me tuer pour ça. Avec elle, je veux faire plus de bruit qu’un tank, qu’une mitrailleuse, qu’une grenade. Avec elle, je peux donner du bonheur, de l’espoir, de l’amour. En cela, elle terrorise les terroristes. Plus que n’importe quel engin de mort. Elle et moi, nous ne faisons qu’un. Elle et moi, nous sommes défenseurs de notre pays, de notre culture et de notre liberté. » Kemar appelle alors, non pas à une minute de silence, mais à une minute de bruit. Et du bruit, ils vont en avoir. Et pas qu’une minute ! Pendant une grosse heure et demi, le public va hurler, chanter, sauter, pogoter, transpirer. Kemar se demandait s’il y avait encore des punks dans la salle…il a sa réponse !
Drones, Silencio et Barricades ouvrent le set. Nikko (d’Eiffel) rejoint le groupe pour Kids Are On The Run. Issues de leur dernier opus Propaganda, ces chansons reprennent les messages chers au groupe. Il faut dire qu’ils ont mis une conviction folle dans ce dernier album. On y retrouve la rage face à l’injustice, à la connerie humaine, à l’immobilisme des politiques qu’on leur a connu à leurs débuts. C’est terrible de se dire que cet album, sortie en juin 2015 et qui faisait écho à ‘Charlie’ a encore plus de sens aujourd’hui. Malgré cela, le public est heureux de retrouver le No One des débuts, puissant, engagé et enragé. Le groupe parsème le show de morceaux plus anciens. Nomenklatura (avec Fred Mariolle et ses superbes dreadlocks) et Revolution.com sont reprises avec conviction par le public.
La déco de la scène est simple mais efficace. La très belle image de la pochette de Propaganda avec cet enfant qui hurle sa rage avec ses mains en porte-voix, comme si personne ne l’entendait. Appuyée par des lumières vives, cette photo prend tout son sens et on croirait l’entendre crier « Nous gagnerons même si tu ne le crois pas ! ». Comme à leur habitude, les No One font monter tous ceux que le souhaitent sur scène pour Détourage photo et partager un morceau. Drugs se transforme en joyeux bordel, à croire que toute la fosse a pris possession de la scène !
Après un petite pause, No One revient avec la volonté de déchaîner encore plus le public, déjà excité et transpirant. Ils nous proposent alors un enchaînement cruellement d’actualité avec des morceaux pourtant espacés dans le temps. Le combo Djihad Propaganda (2015), La Peau (1994), Gazoline (2007) et Chile (1997) a raison du public, qui termine lessivé !
Pour terminer le set, Kemar accueille sur scène Coco et Marika, respectivement dessinatrice et DRH de Charlie Hebdo. Le calme et l’émotion se font dans toute la Cigale. Marika, émue, explique que malgré les critiques, les revers, la peine, et grâce aux soutiens, Charlie n’a pas baissé les bras. Elle nous livre un message de courage et d’union, nous appelant à rester ensemble et debout. Elle appelle à la Résistance. Elle terminera son message par une citation de Bernard Maris « Il n’est pas donné à tout le monde d’aimer la vie, il faut être sacrément courageux ». Après l’émotion, Kemar reprend le micro et appelle tous les musiciens sur scène pour entonner Charlie. Le public reprend en gueulant ‘oh Charlie parle-moi encore ! Face à eux faut faire front !’.
Le groupe nous a livré un putain de show, rempli de rage, de résistance et de liberté. A l’image de No One Is Innocent. A l’image de la Musique.
PS : une captation a été réalisée. DVD à suivre donc. Nous vous dirons tout !
Chronique : Agnès Chirouze – Photos : Stéphane Burlot