Madonna est actuellement en pleine tournée avec The Celebration Tour, un show grandiose pour fêter ses (déjà) 40 ans de carrière. Un show très spectaculaire, avec une mise en scène, des décors et une scénographie ultra travaillés.
N’ayant encore jamais vu sur scène Madonna, mais ayant entendu et lu tout (et parfois n’importe quoi, souvent colporté par des rageux n’ayant pris la peine de se déplacer) sur les concerts de la reine de la pop, l’envie de la découvrir, au moins une fois, en concert, nous titillait. C’est désormais chose faite, ce 12 novembre 2023, avec la première date de sa résidence (qui compte 4 concerts au total) à l’Accor Arena – Bercy – à l’occasion de The Celebration Tour.
Une fois placés dans la salle, ce qui frappe tout d’abord, c’est la forme de la scène de Madonna pour The Celebration Tour. Il n’y a pas de première partie et cette scène, très originale, est déjà visible en intégralité. Elle est composée d’un élément central où trône une plateforme ronde qui tourne (Ed Sheeran s’était lui aussi essayé aux tapis roulants rcirculaires lors de son dernier passage au Stade de France) et monte. Quant à l’avancée de scène, elle est disposée en labyrinthe, offrant plusieurs plateformes, un peu comme un parcours de Ninja Warrior. Pour cette tournée, Madonna n’a donc pas choisi la simplicité et la facilité.
Précédée par une réputation, pas toujours usurpée, d’être systématiquement en retard, bien que le show était annoncé pour 21h, on ne s’attendait pas à voir Madonna avant 22h. Et, surprise, aux alentours de 21h40, un problème technique nous est annoncé. Effectivement, au dessus de la scène, au niveau du plafond, des techniciens s’activent, tandis que la sécurité a fait reculer les spectateurs de la fosse qui étaient alors placés ici. L’attente est un peu longue, mais on peut compter sur le fidèle public (et acquis à sa cause) de Madonna pour mettre l’ambiance dans l’enceinte de Bercy.
C’est finalement à presque 22h10 que le show démarre enfin, introduit par un drag – Madonna a fait la part belle aux drags queens pour cette tournée. Là, le retard n’est pas uniquement dû à Madonna, ce que la star, très bavarde ce soir, prendra le temps de nous expliquer.
Madonna arrive enfin sur scène, au son de Nothing Really Matters, sur la plateforme tournante, dans une longue robe noire kimono, qui rappelle la tenue qu’elle porte dans le clip de Frozen. La machine énorme qu’est ce concert, très millimétré, est lancée pour près de 2h20.
Madonna va enchaîner plus de 25 titres, tantôt seule, tantôt entourée de sa troupe de danseurs. La performance est davantage physique (et on ne peut que saluer la forme quasi olympique de Madonna à 65 ans, après de récents graves ennuis de santé) que vocale. Toutefois, si le playback est utilisé par moment, ce n’est pas si dérangeant que cela dans un show si global. On a vraiment connu pire niveau playback. Mais la Madone chante aussi bel et bien sur scène, certaines fausses notes terminent de nous en convaincre. Sa reprise, en fin de soirée, du très de circonstance I Will Survive, de Gloria Gaynor, en acoustique, où elle est seule sur scène avec sa guitare, est un des moments forts du spectacle, après un très (trop ?) long aparté pendant lequel elle évoque le Malawi (où elle adopté ses enfants) mais aussi ses problèmes de santé et l’amour de ses enfants qui l’a littéralement sauvée. Malgré le retard accumulé, Madonna ne coupe pas ses interventions parlées et se montre bien pipelette.
Tantôt meneuse d’une troupe de danseurs punks, tantôt meneuse d’une troupe de drags, Madonna égraine 40 ans de carrière, 14 albums studio, résumés en 26 chansons. Bien sûr, le choix ne plaira pas à tout le monde. Nous, on aurait aimé Secret, Frozen, Music, American Life ou encore Hollywood, des chansons toutes absentes de cette tournée. Mais quel plaisir de la (re)découvrir en rockeuse sur Burning Up (1983), sous une boule à facettes en boîte de nuit pour Holiday (1983), ou encore volant dans la salle dans une cabine pour Live to Tell (1986). Mylène Farmer avait, elle aussi, volé dans Bercy pendant son entrée en scène pour sa résidence Avant que l’ombre… en 2006 pour laquelle un rail comme pour un manège avait été installé dans la salle lui permettant d’arriver allongée dans un cercueil de verre, parcourant entièrement Bercy. Une cabine volante réutilisée plus tard par Madonna, en combinaison argentée, pour Ray of Light (1998) et son univers futuriste, mais aussi par son fils, David Banda, 18 ans, qui l’accompagne à la guitare sur La Isla Bonita (1986), tandis qu’un violoncelliste joue sur scène.
Les ambiances, décors et chorégraphies sont multiples et très variés. Chargés de références. Comme l’a déclaré un des danseurs français de la troupe au Parisien, « il y a dix niveaux de lecture » dans le show de Madonna. En effet, les références sont nombreuses, partout, omniprésentes (la religion, le sexe, sa carrière, ses amis décédés du Sida). Impossible de tout voir en une seule fois car lorsque la reine de la pop chante sur son avancée de scène la plus éloignée, sur la scène centrale les danseurs s’activent. Il y a toujours quelque-chose à regarder ailleurs que Madonna. Des danseurs encagoulés, tête en bas, sur Like a Prayer (1989), dans la fameuse scène qui tourne. Des jeux de lumière laser qui créent des rings pour une Madonna en peignoir de boxeuse et perruque au carré blond platine pour Erotica. Chaque titre a le droit à son ambiance, sa propre mise en scène. Le tout entièrement imaginé par Madonna.
Madonna, comme souvent, propose des versions remixées de ses tubes sur scène, flirtant souvent avec l’électro. Peu de musiciens l’accompagnent. Outre le violoncelliste pour La Isla Bonita ainsi que, à nouveau, son fils à la guitare pour Mother & Father (2003) il y a aussi sa fille, Mercy James, jouant du piano pour Bad Girl (1993) tandis que la maman s’allonge sur le piano à queue. Cette année, nombreuses sont les popstars à partager la scène avec leurs filles. Pink chante un titre avec sa fille, Willow, sur son Carnival Tour et Beyoncé a fait danser Blue Ivy sur son Renaissance World Tour.
C’est un numéro de voguing qui introduit justement Vogue (1990) avant que Madonna n’apparaisse plus tard, en cowgirl sexy (et plus court vêtue que dans son clip) pour Don’t telle me (2000). Une fois lancé, le show se déroule sans accroc. Des écrans géants étant également déployés (puis remontés) au gré des besoins de la mise en scène. Chorégraphie dans un lit, mais aussi hommage à Michael Jackson, avant que Madonna ne disparaisse rapidement dessous la scène sur Celebration (2009). Ni une ni deux, il est temps d’attraper le dernier métro.
Épique, époustouflant, grandiose, un show de Madonna c’est un peu de tout cela à la fois. C’est une artiste qui fait partie de la catégorie bêtes de scène à voir au moins une fois dans sa vie (si on peut se le permettre, les places en gradins où nous étions coûtant 276,50 euros). Il reste encore 3 dates pour voir Madonna à l’Accor Arena, les 13, 19 et 20 novembre.