Une vague scandinave a déferlé sur le Trianon mercredi dernier. Le groupe islandais Of Monsters and Men présentait son nouvel album Beneath The Skin et venait rappeler au public parisien qu’ils avaient plus d’un tube dans leur sac. Un concert d’une heure et demi où l’ambiance s’est faite de plus en plus chaleureuse au fil de la soirée.
On les avait repérés lors de leur venue à Rock En Seine en 2012. Of Monsters and Men ont depuis rapidement envahi les ondes radio, les petits écrans (pub pour B & You de Bouygues Telecom, extrait BO de séries) et les salles de cinéma (extrait BO de La Vie Rêvée de Walter Mitty) avec les morceaux issus de My Head Is An Animal, premier album qui connut un succès international fulgurant. La touche islandaise menée par Björg et Sigür Ros, charmante et mystérieuse, sonne très indie folk et provient désormais de monstres et d’hommes.
Avant eux, ce sont les cousins norvégiens de la formation Highaskite qui ouvrent le show avec cinq titres d’une délicieuse indie pop dans une lumière bleutée nous plongeant dans l’ambiance nordique. La douce voix de la chanteuse Ingrid Helene Håvik et la musique planante issue des synthé et des percu plantent le décors à merveille.
Devant les initiales lumineuses O.M.M. arrivent sur scène Nanna Bryndís Hilmarsdóttir et Ragnar Þórhallsson (que nous nommerons par la suite Nanna et « Raggi ») les co-chanteurs et guitaristes suivis d’une dizaine de musiciens. Parmi eux le guitariste Brynjar Leifsson au look très scandinave, le bassiste Kristján Páll Kristjánsson et le batteur Arnar Rósenkranz Hilmarsson, une apparence de viking qui fait honneur à ses ancêtres. À noter également la présence d’une petite section cuivre.
Malgré la présence de fans inconditionnels, certains s’exprimant dans d’étranges langues étrangères,l’ambiance ne prend pas immédiatement. Nanna et Raggie, casquette vissée sur la tête, interprètent les deux premiers titres du concert Thousand Eyes et Human, issus de Beneath de Skin. Les applaudissements récoltés ne sont rien comparés à ceux qui retentissent sur le troisième morceau de la setlist, le single King and Lion Heart extrait de My Head Is An Animal. On sent déjà le sol du Trianon tremblé et on en déduit très vite que le deuxième album sorti très récemment n’a pas encore été digéré. Les chansons du premier opus remporteront un succès bien plus franc au cours de la soirée.
La musique d’Of Monsters and Men contient de belles associations, que ce soit le mariages des voix de Nanna et Raggie, des guitares acoustiques et électriques, des percu entrainantes et des tempos plus calmes. Et ce sur la plupart des compositions de la formation. L’échange avec le public est fort : Raggie fait participer le public comme sur Slow and Steady en faisant lever les mains dans la salle et taper en rythme, tandis que Nanna introduit souvent les chansons en bafouillant quelques mots avec son petit accent. La communion est totale lorsqu’elle descend dans la fosse quelques instants pour partager sa joie avec le public parisien.
Le balcon se réveille peu à peu, on remarque ça et là des gens qui dansent debout et d’autres qui chantent en yaourt. La fosse semble déjà bien ambiancée. Les titres des deux albums s’entremêlent et les plus appréciés de Beneath The Skin comme les singles Eye Of The Storm et Crystals, une fois bien assimilés, produiront une atmosphère aussi festive que lorsque Mountains Sounds et Little Talks retentissent. Les cuivres apportent toujours un fort impact dans un concert, la preuve en est ce solo de trombone sur Lake House, morceau repris par le Trianon tel un hymne.
On apprécie la belle ovation réservée par le public pour faire revenir les islandais sur scène. On reste par contre un peu sur sa faim avec ce rappel où l’ambiance n’explose pas comme elle aurait pu si le fameux Dirty Paws avait été joué en toute fin de concert et non pas ouverture de rappel. Les morceaux Silhouettes, titre figurant sur la BO de Hunger Games : L’Embrasement, et We Sink marquent gentiment la fin du set. Les dix artistes présents saluent le public conquis. Nul doute que ces scandinaves ont encore un bon bout de chemin à parcourir dans le monde de l’indie folk.
Chronique : Romain Hemelka – Photos : Stéphane Burlot