Sigur Ros @ Zenith de Paris 27 fevrier 2013
Sigur Ros jouait à guichets fermés au Zénith de Paris mercredi soir. Après la sortie de leur dernier album Valtari en 2012, le groupe islandais, mené par un Jón Þór « Jónsi » Birgisson captivant, offrait au public parisien une cascade de lumière dans un océan de bonheur musical.
Mais que peut bien cacher ce voile entourant la scène ? Quelle surprise les Sigur Ros, connus pour leur show visuel, vont-ils nous réserver ? Les onze musiciens font leur entrée devant le Zénith, jouent les premiers accords de leur musique post-rock/ambient/dream pop, et en un instant, la magie opère.
Des lasers sont projetés sur le voile en toile qui sert de support pour présenter des formes et des images en couleurs. Une belle atmosphère entoure la salle du Parc de la Villette lorsque le chanteur et leader du groupe, Jón Þór « Jónsi » Birgisson, chante les paroles du premier morceau. Cette voix si étrange, si singulière, si puissante et si juste, donne le frisson à plus d’un spectateur. Puis il entame un solo de guitare électrique, qu’il manie tel un violoncelle avec un archer. Son ombre qui se dessine sur le voile, les franges de son costume qui virevoltent ainsi que le son qu’il tire de son instrument sont fascinants. Les autres musiciens, dont Georg Hólm, surnommé Goggi (guitare basse), l’autre membre fondateur du groupe, entrent dans la ronde et donnent une grosse impulsion rock au morceau avec un rythme appuyé et des guitares saturées. Le voile tombe dans un éclat de lumière. La foule s’affole et applaudit.
Le visuel constitue une grande part du show. L’écran géant rectangulaire légèrement courbé au dos de la scène diffuse des images de paysages, de visages d’enfants et de silhouettes humaines. Chaque titre possède son univers et a sa couleur (rouge, vert, bleu), selon son rythme et sa mélodie. Le Zénith se retrouve plongé au cœur des fonds marins, au beau milieu d’une forêt ou dans les profondeurs des montagnes. De petites ampoules éparpillées sur scène s’illuminent lorsque l’ambiance devient plus calme. Le spectacle nous envoûte, on ne peut qu’admirer.
Si la partie visuelle sert à illustrer, la musique de la formation originaire de Rekjavik est l’essence même du culte qui leur est voué. Les instruments à cordes et les cuivres se marient avec les percussions et les guitares. Il résulte de cette union, un son majestueux et apaisant. La sensation d’assister à un vrai spectacle, à une vraie performance scénique de la part d’un groupe qui chante dans une langue complètement différente de l’anglais (et inconnue pour la plupart) et qui propose un répertoire peu orthodoxe.
Certains morceaux provoquent les applaudissements et les cris de joies du public. Pleine à craquer, la salle du Zénith se scindent en deux parties : les gradins, qui admirent le spectacle bouche bée, et la fosse, parmi dans ? laquelle certains entrent dans une happy transe. Peu bavard, Jón Þór « Jónsi » Birgisson remercie par deux fois le public en anglais, et l’invite à taper des mains sur quelques titres. La pureté du chant, les notes qu’il atteint et le temps qu’il les tient ressemble à une véritable prouesse.
Le rappel constitue l’apothéose : à travers trois titres, Sigur Ros nous fait décoller. La tête dans les nuages, puis dans les étoiles, les dernières notes s’écoutent à travers une pluie d’étincelles sur l’écran. Comme au théâtre, le groupe vient saluer, par deux fois, un public parisien qui aura bien du mal à atterrir. Björk et le groupe Of Monsters And Men seront les prochains à venir sur la capitale pour réciter à leur tour la poésie islandaise.
Romain Hemelka