C’était l’Evénement mercredi soir : Noel Gallagher’s High Flying Birds étaient en haut de l’affiche du Zénith de Paris. Avec leur deuxième album Chasing Yesterday sorti début mars, le groupe emmené par l’un des membres fondateurs d’Oasis a tenu un set de moins de deux heures avec une setlist de 20 titres. Une petite ambiance pour une belle performance.
Les anglais ont envahi le quartier de Porte de Pantin et le Parc de la Villette. Parmi eux, il y a certainement des fans inconditionnels d’Oasis qui s’attendent à vivre l’atmosphère des concerts du groupe mythique des années 90 et 2000. Mais tout Gallagher qu’il est, Noel est devenu un songwriter à part, avec les mêmes influences mais un style assez différent. Noel Gallagher’s High Flying Birds détiennent ce soir deux albums béton, et accessoirement quelques petites chansons écrites il y a quelques années, pour offrir un gros concert au public.
Le meilleur de Noel Gallagher
Privé des Black Keys au Zénith les 9 et 10 mars dernier, on s’en remet alors aux Black Rivers. Nouvelle formation anglaise de Jez et d’Andy Williams qui composaient aux ⅔ le groupe The Doves, leur rock alternatif fait bonne impression au public parisien. La première partie colle donc parfaitement au style de Noel Gallagher’s High Flying Birds. Une découverte largement applaudie.
C’est sur un son assourdissant suivi d’un medley du groupe que l’excitation monte d’un cran. L’écran géant suspendu au dessus de la scène affiche la couverture du nouvel album Chasing Yesterday. Même s’il se vendait encore des places à l’heure du concert, la salle est pleine et la fosse bondée. Mais à l’entrée de Noel & Co, pas de mouvement de foule et peu de verres de bière lancés à droite à gauche. On est bien loin des ambiances d’hystérie d’Oasis où l’on peinait à rester sur pied, à respirer et à rester au sec dès le début du set. Les premiers coups de la guitare rouge de Gallagher donnent tout de même le ton.
Sa silhouette se dessine dans les spots lumineux. Noel Gallagher enchaine Do The Damage, (Stranded On) The Wrong Beach et Everybody’On The Run, titre solide du premier album. La fosse pousse enfin la chansonnette et entament déjà un “Noel ! Noel ! Noel !”. On se dit alors que le concert est lancé. Le frontman tombe la veste en cuire, s’empare de sa guitare sèche et interprète Fade Away. Le single d’Oasis s’illustre sur l’écran avec des photos à l’ancienne (perso ou pas, on ne sait pas…) mais pas le temps pour la nostalgie. In The Heat Of The Moment, 1er single puissant du nouvel album, recentre immédiatement le concert autour du nouveau projet de Noel avec son « Na Na Na Na Na ».
“Nobody panics !”
Il se passe quelque chose d’étrange dans les gradins : la partie gauche est confortablement assise et regarde la scène, la partie droite est debout et vit le concert. Comment expliquer ce phénomène surnaturel ? Et comment expliquer que les gens qui fument dans la fosse ne se font pas chopper quand ceux qui montent sur les épaules des potes se prennent les lasers de la sécu dans la tête ? Inexplicable. Un objet clairement identifié passe au dessus de la foule : une caméra d’Arte retransmet le concert en direct.
Le songwriter rassure tout le monde lorsqu’une section cuivre arrive sur scène. Une riche idée lorsqu’on entend les versions live de Riverman, Dream On et The Mexican, titre spécialement dédié à une personne du public, vraisemblablement d’origine mexicaine. Noel est Grand, ses superbes morceaux The Death Of You And Me, Ballad Of The Mighty I, If I Had A Gun et AKA… What A Life résonnent, ponctués par quelques traits d’humour, comme quand il tâcle le club de Chelsea, éliminé de la Ligue des Champions la veille par le PSG. Le light show est à la hauteur, les High Flying Birds s’illustrent que ce soient le batteur, le claviériste et surtout le guitariste américain. Petit bémol sur le chant de Noel lorsque la voix ne suit plus dans les aigüs… mais intense plongée dans l’univers de Noel Gallagher’s High Flying Birds.
Pourtant, les vrais moments de communion avec le public ont lieu lorsqu’on ouvre le répertoire d’Oasis. Un planant Champagne Supernova, meilleur encore que Don’t Look Back In Anger, pourtant l’un de ses plus gros succès, un excellent Digsy Dinner qui rappellent tant le premier album Definitely Maybe et The Masterplan qui conclue le concert comme un symbole. Ce sont ces tubes-là qui sont repris par les anglais dans le métro ligne 5.
Chronique : Romain Hemelka / Photos : Emmanuel Wino