Après un premier album marquant, Asaf Avidan revient avec une seconde œuvre plus touchante encore que Different Pulses, et surtout plus complète. Gold Shadow, sorti le 12 janvier dernier sur le label Polydor, nous fait vivre en musique les émotions ressenties suite à sa rupture amoureuse.
C’est lorsqu’on se sent seul qu’il est important s’éloigner de ce genre de disque – ou fichiers mp3. Ou, au contraire, combattre le mal par le mal en écoutant la beauté de la tristesse, de la mélancolie, de la peine de cœur ; s’en imprégner pour mieux s’en détacher, toucher le fond une bonne fois pour toute et vite rebondir. Asaf Avidan nous projette dans Gold Shadow sa séparation dans différents endroits et à travers différentes époques, sur une scène comme sur un écran de cinéma.
Therapie apres separation
Le cœur du chanteur israélien écrit et compose sans mal cet album qui nous transporte à travers le temps. Le premier single Over My Head est le slow qui tue d’un Buddy Holly ou d’un Ritchie Valens, celui que l’on aimerait danser à l’infini. Part of This ressemble à une chanson de cabaret où l’artiste mimerait son histoire dans un Paris de l’Entre Deux Guerres. On entend les guitares et la basse des années 80 qui ronronnent sur le titre The Jail That’s Sets You Free. Un retour dans le futur musical également illustré en images.
Asaf Avidan ouvre son cœur comme il ouvre la porte d’une salle de théâtre ou de cinéma. Les morceaux pourraient bien provenir d’une pellicule cinématographique. Le titre Bang Bang (qui fait à peine penser à Tarantino) conviendrait parfaitement à la BO d’un western spaghetti alors que These Words You Want To Hear illustrerait un film muet à la Charlie Chaplin. My Tunnels Are Long And Dark These Days collerait parfaitement au drame romantique sur fond de prohibition. Avec son côté blues / jazzy, on sent sur cet excellent morceau le New York des années 30 et 40, et on découvre une superbe partie instrumentale où violon et pianos se jaugent au rythme des chabadas et des battements de mains.
À l’instar des Mumford and Sons ou d’un Eddie Vedder avec la BO d’Into The Wild, Asaf Avidan a également enregistré de merveilleuses compositions folk sur cet album. L’ancien leader des Mojos décrit également les sentiments avec toute la simplicité qu’inspire cette musique, sur fond de beaux paysages naturels et de road trips. Let’s Just Call It Fate, The Labyrinth Song et le dernier titre de l’album Fair Hair Travelled referment cet album souvenirs et laissent entendre qu’il reste toujours malgré tout de belles choses à découvrir en chemin.
Si la voix d’Asaf Avidan reste hors du commun, ses textes poétiques ainsi que son audace à jouer avec ces sonorités et ces images poignantes font de Gold Shadow l’un des albums incontournables de ce début d’année.
Chronique : Romain Hemelka