Kasabian faisaient leur retour au Zénith de Paris vendredi soir, 3 ans après s’y être produits pour la première fois. Le public parisien a eu la chance d’assister à une performance haute en couleur du groupe anglais tandis que leur tournée européenne pour la promo de leur dernier album 48 : 13 fait un véritable carton.
Ça caillote pas mal sur le chemin pour se rendre au Zénith en ce vendredi 7 novembre. Devant les grilles entre 19H et 19H30, ce n’est pas la cohue… et dans la salle non plus. Des places étaient encore en vente le jour même. Pourtant, un groupe phare du rock indie britannique vient jouer ce soir. Un groupe qui ne s’est peut-être pas hissé aussi haut que les Arctic Monkeys, Muse ou autre Placebo, mais tout aussi solide et qui affole les foules dans le monde entier.
Simple et tellement efficace
La première partie se nomme Pull Apart By Horses… tout un programme, surtout que dès les premières notes, ces chevelus originaires de Leeds proposent un rock alternatif bien agressif ayant le mérite de faire patienter les premiers arrivants… ou de permettre à d’autres d’aller se prendre une binouze.
À peine le temps de revenir de l’espace de convivialité qu’il est déjà l’heure d’entendre shiva, l’intro du 5e et dernier album de Kasabian. Les membres du groupe apparaissent sur scène, ambiance rose pastel et la couverture très sobre de ce 48 : 13 en fond de scène. Le Zénith s’est finalement bondé, la fosse est bouillante et les gradins sont debout dès que Tom Meighan entonne les premières paroles de Bumblebeee.
Tom est ce chanteur qui a tout pour plaire. Décrit pas les frères Gallagher comme l’un des meilleurs frontmen qu’ils connaissent, il est beau gosse, élégant en costume cravate et pompes blanches (n’oublions pas les grosses lunettes roses) et possède surtout une incroyable présence. Sa voix impressionne encore plus en live que sur disque, et sa manière d’attiser le public avec sa gestuelle semble tellement naturelle. Un brin d’arrogance, une multitude de poses et un jeu de scène léché en fait, à n’en pas douter, l’un des showmen les plus complets de sa génération.
Aux côtés du non-moins frappé guitariste et ami Sergio Pizzormo, portant un tee shirt blanc moulant, un jean serré et d’une queue de castor, de renard ou tout autre animal à poils accrochée à l’arrière de son jean, Tom et le reste de la formation, beaucoup plus en retrait, enchaînent les titres qui ont fait la réputation de Kasabian, avec ce son si particulier qui sent bon le pur rock indie « made in England ».
Un public en extase
Ca crie sur Shoot The Runner, ca saute sur Underdog et ca chante sur Days Are Forgotten. Les fans de Kasabian répondent présent à chaque sollicitation de la part de Meighan ou Pizzormo. Les bonds de la foule, les mains en l’air, les claps, sans parler des slams et autres jets de verres de bières dont certain atteignent la scène, pire encore, Tom qui s’est aventuré trop près.
Les singles du dernier album 48 : 13 comme clouds, eez-eh et treat ne provoquent pas autant d’engouement, il est vrai, que les puissants titres d’antan. Tom se la joue Liam Gallagher dans des positions figées avec des fans en délire à ses pieds, et Sergio s’empare du micro pour chanter à la place de Tom, qui s’efface sur plusieurs morceaux. Il quitte même la scène le temps d’une chanson, ce qui rappelle fortement la façon de faire d’Oasis.
L’un des temps forts reste cette session clubbing où le Sergio, seul face au public, se met à gesticuler plus qu’à danser dans tous les sens, les lasers de la salle transperçant une épaisse fumée. Autre passage à noter, et dans un shéma tout à fait contraire, l’instant acoustique de Kasabian qui interprète au beau milieu du set Thick As Thieves, chanson très posée. S’enchaine alors une reprise de People Are Strange des Doors. « God bless you Jim Morrison » lance Meighan, comme un hommage au leader du groupe mytique dans la ville où il est enterré . Une cassure pour faire souffler tout ce petit monde… et pour repartir de plus belle avec Club Foot, titre devenu tellement culte, sans parler des Rewired, Empire et le non moins explosif Fire.
Tout ceci nous amène déjà au rappel. Un dernier morceau de 48 : 13, stevie, est placé. Kasabian se fait plaisir sur Vlad The Impaler avant d’offrir une petite surprise avec la reprise de Praise You, titre incontournable de Fatboy Slim, dans une version instrumentale très cool. Mais le Zénith, debout du début à la fin, se déchaîne sur L.S.F. sous une pluie de bière et une ambiance survoltée. Les artistes rejoignent les coulisses et les voix du public auront beau reprendre la mélodie encore et encore, le deuxième rappel spontané n’existe plus.
Kasabian n’a pas failli à sa réputation de groupe taillé pour la scène. Avec des titres puissants et un jeu de scène impeccable, le Zénith s’est éclaté et en a eu pour son argent. Les anglais n’ont joué que cinq titres du dernier album parmi les 13, ce qui laisse à penser que le groupe a privilégié les valeurs sûres plutôt que la découverte de ses nouveaux morceaux. Les « la la la » de L.S.F. poursuivront les « âmes tourmentées » jusque dans les travées du Zénith, sur le quai du métro, et bien au delà…
Chronique : Romain Hemelka / Photos : Carsten Wilde