Samedi soir, la Flèche d’Or a accueilli l’un des groupes les plus emblématiques de la vague indie rock des années 2000. Emmené par l’attendrissant Kyle Falconer, The View a conquis une vaste audience avec les compositions fraîches, désinvoltes, éclectiques et intimistes. Sept ans, trois albums et des dizaines de lives après la sortie de leur premier opus (Hats Off To The Buskers, 2006), leurs singles sont réunis dans Seven Years Setlist, un best of qui amorce le tournant de la carrière de ces quatre gamins d’Écosse en pleine mue.
C’est une soirée résolument rock’n’roll qui se déroule à la Flèche d’Or. En guise d’apéritif, la salle vibre sous les ondes indie de The Magnets, l’authentique punk de San Cisco et la pop lumineuse de The Velveteens. Alors que les tourers de The View préparent la scène, le public mûrit. Littéralement. Les plus jeunes quittent la salle et des trentenaires se rapprochent de l’estrade. L’excitation atteint son comble au moment où les quatre écossais montent sur scène… mais pas d’emballement. Le quartette s’installe et joue avec flegme ses titres phares, de How Long à l’efficace Same Jeans. Désormais culte, The View n’est pas dans la démonstration mais délivre un show maîtrisé face à une audience qui a mûri à la même cadence.
L’interprétation presque studio des tubes de The View pourrait déplaire aux spectateurs. Pourtant, son répertoire parvient à atteindre le public déjà échaudé par la reprise de Get Lucky qui clôt le set de The Velveteens. Si certains apprécient la musique en secouant la tête en rythme, les spectateurs britanniques éméchés reprennent les paroles en chœur et scandent « The View ! The View ! The View are on fire ! » entre chaque morceau. Sous ses cheveux désormais courts, Kyle Falconer sourit sous les acclamations du public et partage en bon professionnel l’enthousiasme de son band.
Sans surprise, le concert se poursuit et s’achève dans une ambiance positive et nostalgique. The View n’était pas vraiment en feu mais la fougue qui l’a caractérisé quelques années plus tôt sera probablement ravivée par des projets neufs. Et la flamme brûlera encore.
Chronique : Cindy Liwenge