Sophie Hunger était à la Cigale à l’occasion de la sortie de son cinquième album Supermoon, fruit d’un long séjour en Californie où elle avait posé ses valises, histoire de se retrouver avec elle-même après une série de tournées qui l’avaient menée au bord du burn out.
Elle revient donc sur scène pour notre plus grand plaisir, bien décidée à enterrer ses vieux démons. Ce qu’elle fait d’emblée en entrant vaillante la première sur scène, à peine éteintes les dernières lumières de la salle, sa guitare et son courage en bandoulière.
Elle nous emmène aussitôt en orbite autour de la terre avec le morceau-titre Supermoon dans un rock hypnotique et aérien démarré en solo clair obscur tous projecteurs sur elle, les quatre musiciens se dévoilant ensuite graduellement sous l’éclairage crescendo et la montée instrumentale.
Mélange de douceur maitrisée, et de présence bouillonnante, Sophie Hunger fait vibrer ses cordes et celles de la salle. Ses premiers mots adressés au public sont comme un talisman pour calmer ses doutes et animer son ardeur sur scène: « je suis contente que vous ne m’ayez pas oubliée ».
Non le public est bien là, la quarantaine en moyenne, heureux de retrouver cette jeune artiste suisse allemande de 32 ans, touchante, la mèche timide et le français hésitant. Sophie est comme une amie qu’on voudrait enlacer pour la réconforter de ses propres fragilités mais qui nous surprendrait à nous consoler de nous-mêmes en nous galvanisant par sa voix caressante, ses paroles fortes et sincères.
Toute en frange, queue de cheval, robe noire courte et bras nus, on lui donnerait le bon dieu sans confession, mais dès que l’auteure-compositrice se fait interprète, la guitare tremble sous ses doigts et la voix se fait pleine, généreuse et entière, portée par une puissance et une volonté farouche de nous transporter au gré des émotions.
Elle nous offre plusieurs morceaux en allemand histoire de nous rappeler que cette langue se prête merveilleusement bien au rock, dans des chansons à la fois énergiques, lancinantes et pénétrantes, comme dans 1983 ou son morceau favori Spaghetti mit Spin.
Chez Hunger, la musique c’est physique, et elle le montre, guitare, piano et harmonica à l’appui. Elle sert ses textes très écrits et soignés par des arrangements alliant un rock inde folk au punk-rock ; des rythmes funk et jazz mais aussi des instants suspendues sur des balades pop comme dans Shape et Le Vent Nous Portera où sa voix chaude et fissurée est à la limite de la rupture.
Sophie Hunger sait aussi se faire piquante quand il s’agit d’amour comme dans les titres Love Is Not The Answer For Everything ou encore Take A Turn où elle conseille de changer « la direction du GPS » au cas où on serait coincé sur une route sentimentale sans issue.
Après trois rappels, elle conclue par ses mots : « à bientôt j’espère ». Rassure-toi Sophie, le public sera là, fidèle à ta simplicité éclectique.
Chronique : Aurélie Sécheret – Photos : Stéphane Burlot (http://www.sb-photographies.com/)