C’est la rentrée des classes et c’est le moment qu’a choisi Bad Religion pour venir se rappeler à notre bon souvenir et enflammer La Cigale en ce 1er septembre 2015.
Le public est hétérogène : vieux punks californiens (coupe courte et tatouages) et jeunes filles venues goûter au frisson des légendes de Los Angeles.
La première partie est assurée par The Interrupters, un combo de Los Angeles qui pratique un mélange de ska-punk et de morceaux aux tempos rapides. Le guitariste, le batteur et le bassiste sont habillés à l’identique : pantalon noir / chaussettes blanches / chemise blanche / cravate et bretelles noires ; ils encadrent la chanteuse au chapeau aplati, dont le timbre de voix rappelle vaguement Brody Dalle des Distillers : c’est frais, ça sautille, c’est très agréable.
Du haut de leurs 35 années de carrière et d’une quinzaine d’albums au compteur, les cinq membres de Bad Religion entrent sur scène sous les encouragements du public. Derrière eux trône leur logo, (très) connu sous le nom de Crossbuster : une croix noire au sein d’un cercle rouge barré qui symbolise l’interdiction. Anti establishment et contre toute forme de règles, il résume bien les prises de position socio-politiques qui ont émaillé la carrière du groupe.
Le guitariste Brian Baker est positionné à droite tandis que le bassiste (géant) Jay Bentley et le guitariste (dernier arrivé) Mike Dimkich (il fait penser à Woody Allen avec un perfecto !) se placent à gauche. Greg Graffin, le chanteur, se déplace sur toute la zone du milieu ; il ne lâche pas son micro des mains et son look polo + lunettes d’intello donne l’impression qu’il est en train de délivrer une keynote dans la Silicon Valley : California Über Alles ! Il est assez symptomatique de constater que l’un de ses tweets concerne le décès de son mentor lorsqu’il réalisait son PhD à Cornell …
Je ne vois pas Brett Gurewitz sur scène : il faudra que j’élucide cela … Celui que l’on surnomme Mr Brett, fondateur du groupe et à l’origine du label Epitaph Records (qui a publié une foultitude de bons albums de punk rock – on célèbre actuellement les 20 ans de « And out come the wolves » de RANCID) fait partie des figures tutélaires du punk à l’échelle de la planète.
Bad Religion démarre pied au plancher avec Spirit Shine puis Modern Man et Stranger than fiction. L’ambiance monte d’un cran lorsque Greg introduit le morceau Fuck You, tiré du dernier album à date (paru en 2013, le prochain est annoncé pour 2016).
Assez peu de temps morts, le chant est mélodique et surfe sur un tapis de guitares entrainées par un rythme de batterie toujours très rapide. Les hits New America, 21st Century (Digital Boy) ou You Are The Government soulèvent le public qui reprend les refrains en choeur. Les riffs de guitare sont implacables, la basse tabasse, les Bad Religion sont à fond.
Ils terminent leur show par Infected, Generator puis la chanson bien-nommée Punk Rock Song. Ils reviennent jouer 3 morceaux (Overture, Sinister Rouge et American Jesus) en rappel avant de quitter définitivement les planches de La Cigale.
Les Ramones ayant raccroché faute de membres encore vivants, BAD RELIGION est l’un des derniers groupes à se payer le luxe d’enchainer 30 morceaux punk de haute facture à toute berzingue … en 2015, c’est bon !
Chronique : Stéphane Toutlouyan / Photos : Michela Cuccagna