Iron Maiden, La Defense Arena – 26 juin 2022
En ce dimanche estival, alors qu’une édition exceptionnelle du Hellfest est en train de se terminer en apothéose à Clisson, la foule des grands soirs se presse à La Défense Arena : le public est plutôt composé de cinquantenaires nostalgiques et de leurs enfants qui veulent découvrir la légende musicale et graphique déclinée sous toutes les formes possibles de merchandising !
Il faut dire que les fans attendent depuis longtemps : ce concert était programmé en 2019 pour la tournée de l’album The book of souls et a été reporté à plusieurs reprises à cause des restrictions dues au Covid-19 ; nous voici 3 ans plus tard, le monde gère la 7ème vague de l’épidémie, Bruce Dickinson s’est remis de ses pépins de santé, le groupe a sorti son nouvel album en septembre 2021 et vient le promouvoir sur les plus grandes scènes européennes.
C’est la première fois que je franchis les portes de cette salle que je trouve immense en comparaison avec les autres (grandes) salles parisiennes : avec une jauge de 40000 spectateurs, il me parait logique qu’elle ait rapidement supplanté le POPB et ses 18000 personnes. Je suis arrivé un peu tard (quelle idée d’ouvrir les portes à 16h et de faire démarrer les hostilités à 18h) et n’ai donc pas vu la première première partie Lord of the Lost.
Quand je me positionne dans les gradins tout en face de la scène (« tout en face » parce qu’on est vraiment très loin de la scène et sans écran géant, le groupe sur scène est vraiment très petit), je reconnais le fanion des australiens d’Airbourne et leur rock survitaminé. Comme à leur habitude, les frères O’Keeffe envoient leur boogie rock bluesy aux guitares saturées et grasses sur un (mid-)tempo dévastateur, au lendemain de leur prestation au Hellfest. Le chanteur est évidemment torse nu et les 3 frontmen n’arrêtent pas de sillonner la scène en courant et de faire des saut de cabris en-veux-tu en-voilà.
Ils démarrent par le morceau titre de leur premier EP « Ready to rock ». Les morceaux, extraits de leurs 5 albums studio à date, s’enchainent sans temps mort, électriques et entrainants : les titres parlent d’eux-mêmes « Back in the game », « Girls in black », « Burnout the nitro », « Boneshaker », « Breakin’ outta hell ».
Airbourne finit le concert par le morceau « Running wild » avec quelques mesures de « Let there be rock » à l’intérieur : la boucle est bouclée ! Ils quittent la scène après un set généreux et énergique de 9 morceaux : j’ai du mal à imaginer comment ils peuvent faire autrement ; c’est vraiment un super groupe pour chauffer la salle avant la Vierge de fer !
Pendant l’entracte, de longues files d’attente se crééent devant les buvettes mais le débit et l’organisation semblent au rendez-vous et elles se résorbent de manière fluide. Pendant ce temps, les écrans géants (qui ont été allumés entre temps) diffusent des pubs pour le jeu vidéo d’Iron Maiden : c’est là qu’on voit la puissance des produits dérivés et le génie du dessinateur (Derek Riggs) et de l’entourage du groupe (et de la maison de disques) depuis les premiers maxi-45 tours Running free, Sanctuary et Women in uniform.
Sur les coups de 20h, les lumières s’éteignent, le (légendaire) morceau « Doctor doctor » d’UFO retentit puis les 6 membres d’Iron Maiden arrivent sur scène dans un décor inspiré par la Chine (en phase avec la pochette de leur dernier et 17ème album Senjutsu, sorti en septembre 2021) : sur quel thème vont-ils rebondir pour le prochain ? Ils se positionnent comme à l’acoutumée, les 2 guitaristes Adrian Smith et Dave Murray sur la gauche de la scène tandis que le 3ème Janick Gers se cantonne à doite et que Steve Harris est partout à la fois, dans sa posture traditionnelle la jambe gauche appuyée sur les retours. Ils démarrent sur la chanson « Senjutsu », au cours de laquelle apparait le nouveau personnage de chevalier chinois grandeur XXL qui simule un combat au sabre avec Bruce Dickinson, puis enchainent sur 2 autres morceaux du dernier album « Stratego » et « Writing on the wall ».
L’intensité monte d’un cran lorsque démarre « Blood brothers » et les fans donnent de la voix sur « Fear of the dark ». Les solis de guitare alternent, chacun dans son style, sur un rythme de basse en mode cheval au galop ; celui qui reste finalement assez discret est le batteur Nicko MacBrain. Bruce Dickinson esquisse quelques mots en français.
Iron Maiden enchaine maintenant 3 de leurs classiques, « Hallowed be thy name » (et un phrasé du refrain digne du flow des meilleurs rappeurs), « The number of the beast » et le fabuleux « Iron Maiden ».
Les musiciens d’Iron Maiden sont en forme et apprécient d’être là, leurs fans sont au rendez-vous et leur rendent bien la débauche d’énergie dont ils font preuve : le premier rappel voit Bruce Dickinson arriver dans son uniforme de l’armée anglaise, brandissant l’Union jack pour « The trooper » … qu’il remplace par un drapeau français pendant le morceau : ils savent y faire ces anglais !
L’intro caractéristique retentit et Bruce Dickinson sillonne la scène de long en large, tout en simulant un combat avec le personnage du trooper ! C’est au tour de « The clansman » pour laquelle Steve Harris joue l’intro à la guitare classique, et le set s’achève sur un « Run to the hills » qui finit d’emporter l’adhésion du public. Après une courte interruption, la scène dévoile un spitfire aux couleurs de la Royal Air Force, accompagné par les images de la 2nde guerre mondiale et le fameux discours de Churchill
(qui se termine par « … we shall never surrender ! »).
Le morceau « Aces high » vient clôturer en apothéose l’épisode « La défense » du Legacy of the beast world tour. Les participants quittent l’Arena qui diffuse le morceau « Always look on the bright side of life » écrite par les Monthy Python pour le film « La vie de Brian », alors qu’il est crucifié sur le Golgotha : est-ce le conseil d’Iron Maiden en ces temps troublés ?
Chronique : Stéphane Toutlouyan