Mark Knopfler, Zénith de Paris, le 2 juin 1015
Quelque peu déçu par la prestation de Mark Knopfler à Bercy en 2011, en première partie de Bob Dylan, j’étais impatient de le revoir en tête d’affiche dans un cadre plus intimiste. Plus connu en tant qu’ex-membre fondateur de Dire Straits, Mark Knopfler réussit néanmoins à faire salle comble deux soirs de suite dans la salle du Zénith de Paris. Rattaché à jamais à son passé au sein de Dire Straits, il a pourtant dissout le groupe en 1995 et additionne pas moins d’une dizaine d’albums en solo. Tracker, son dernier album en date, compte déjà parmi ses plus belles œuvres. Nous avons assisté à la première soirée. Sur scène pendant près de 2h20, la majorité des titres joués sont issus de sa carrière solo. Il n’a pas oublié, pourtant, de nous offrir les plus belles pépites de Dire Straits.
Le public étant intégralement assis, nous prenons place dans les gradins. N’ayant pas eu d’information au sujet d’une éventuelle première partie, nous avons pourtant la chance de faire la découverte de Ruth Moody, une artiste australienne. Avec son mélange de pop, country, folk, elle arrive à captiver la salle en un temps record. Entourée de musiciens jouant des instruments aussi variés que le violon, l’alto, la mandoline, le ukulélé, Ruth Moody a assurément gagné de nouveaux fans ce soir. Nous retiendrons la belle reprise de Dancing In The Dark de Bruce Springsteen.
En attendant que Mark Knopfler entre en scène, mes voisins et moi débattons des grands guitaristes encore de ce monde. Tout le monde tombe d’accord pour dire que Mark Knopfler fait bien partie des meilleurs guitaristes actuels de rock avec sa technique de jeu si particulière. Mark Knopfler joue toujours de sa Fender Stratocaster pour droitier, alors qu’il est gaucher ! Peu après 21h, la salle est plongée dans le noir. Précédé de ses sept musiciens, Mark Knopfler entre en scène sous une standing ovation. Âgé de 65 ans, il n’a rien perdu de son côté cool.
En nous offrant un beau survol de sa carrière solo, Mark Knopfler démontre qu’il maîtrise une multitude de styles : rock, folk, country parsemés de sonorités celtiques. Les premiers morceaux s’enchaînent devant un public très calme et attentif. Il arbore une guitare acoustique pour le magnifique morceau Privateering. Le solo émouvant sur Kingdom Of Gold me donne la chair de poule et laisse à présager pour la suite du concert ! Mark Knopfler est en grande forme. Sur le rock’n’roll I Used To Could, le groupe est rejoint par le saxophoniste Nigel Hitchcock, invité spécial de la soirée. Collaborant avec Mark Knopfler, il a également joué aux côtés de Tom Jones, Ray Charles et Robbie Williams.
La soirée prend un tournant avec les premières notes de Romeo and Juliet, premier morceau de Dire Straits de la soirée. Le public ne cache plus sa joie. Les premières notes de Sultans Of Swing, morceau mythique qui suit dans la foulée, nous prennent par surprise. Le devant de la scène est pris d’assaut dès les premières notes, obligeant les premiers rangs à se mettre debout. A cette occasion, le groupe joue sous forme de quatuor : seuls batteur, guitariste et bassiste entourent notre sultan. Cela démontre bien que c’est encore dans une formation simple que l’énergie est la meilleure. Le fameux solo, dont nous connaissons chaque note, est rallongé pour faire durer le plaisir. Mighty Man nous ramène dans les contrées d’Irlande. Speedway At Nazareth reste incontestablement l’un des meilleurs morceaux de sa carrière solo. La beauté de du titre Telegraph Road, d’une durée proche de 15 minutes, est l’un des monuments de Dire Straits et marque l’un des moments forts du concert. Le groupe se retire quelques instants avant d’attaquer les rappels.
Alors que les tubes So far Away ou Money For Nothing ou encore Brothers In Arms ont fait leur apparition sur certaines des dates de la tournée, Mark Knopfler favorise des morceaux tirés de sa carrière solo. Il en profite également pour rappeler Ruth Moody et Nigel Hitchcock sur scène. Outre ces manquements, le public semble heureux en sortant de la salle. De mon côté, je suis content d’avoir pu réviser mon jugement.
Chronique : Thorsten Wollek