Skip The Use ont encore fait très mal. Lundi soir, au Trianon, les chtis rockeurs se sont surpassés pour offrir au public parisien un concert encore plus puissant que lors de la tournée Can Be Late. Tous les titres de leur dernier album Little Armageddon ont fait tremblé les murs de la salle du boulevard Rochechouart tandis que Mat Bastard et ses potes prenaient un pied d’enfer sur scène.
Entre le Pression Live à la Salle Wagram, le concert au Zénith d’avril 2013, la soirée Virgin Radio Live au Zénith de Paris en novembre et le Live Stream de leur troisième album, on croyait avoir tous vu – tout entendu avec Skip The Use. Bah pas du tout ! Le groupe nordiste a encore prouvé au public parisien qu’il pouvait aller plus loin pour leurs fans, avec des versions taillées pour le live, encore plus rock, et un Mat plus frappé que jamais.
Pour faire décoller l’ambiance, le DJ de la première partie allait s’y coller. Planqué derrière un masque de singe (l’anonymat chez les DJs, c’est tendance), le jeune homme balance de l’électro assez sympa et eut la bonne intelligence de remixer des morceaux de Skip The Use. Le public n’est ni chaud ni froid à la fin du set… juste tiède dirons-nous.
Il est bien tôt pour un début de concert. Vers 20H30, un triangle lumineux apparaît dans le fond et Skip The Use attaquent la scène de front. Le public s’embrase aussitôt. 30 Years est le premier titre de la set list pour annoncer le début de l’apocalypse. Mat a décidé de se laisser pousser quelques cheveux. Le marcel noir est de rigueur. Le type est déjà survolté. Lui porte une casquette à la ceinture lorsque Yan le guitariste, Lio le claviériste et Manamax le batteur ont bien vissé la leur sur leur tête. La fosse a déjà perdu la raison, les balcons sont debout et bougent bien (véridique !). On ne les récupérera plus.
Le premier single Nameless World, introduit par un son de capsule de bouteille de bière qui saute, fait monter l’ambiance d’un cran… c’est dire… « Est-ce que vous avez envie de danser ? ». On n’a clairement pas la même définition de « danser ». Les riffs tranchants provoquent une émeute dans les premiers rangs. Les mains claquent, les pieds tapent à en faire craquer le parquet. Attendez les gars : on en est qu’au deuxième morceau !
Des titres plus cools, Lust For You et Cup of Coffee, l’un des gros titres de Can Be Late joués ce soir-là, suivent et permettent de reprendre un bon bol d’air « Y a comme une odeur de liberté ! » lâche Mat Bastard, toujours au top de sa forme, soutenu par les musiciens qui assurent également le show en arrière plan. Les lumières accentuent le rythme de la musique et mettent le chanteur en valeur, les photographes n’ont d’yeux que pour lui et auront la chance de shooter le groupe tout au long de la soirée.
La formule de Skip The Use, c’est beaucoup d’énergie, une bonne dose d’humour, une complicité sans faille entre ses membres et une communion extraordinaire avec le public. On voit Mat jouer avec le Jay le bassiste et le guitariste, avec les fans comme avec les mecs de la sécu. Sur Give Me Your Life, il apostrophe les endormis du balcon appelés « invités » et fait bouger la fosse de gauche à droite ; il fait fait chanter la salle jusqu’à plus voix sur People In The Shadow, Little Armageddon et The Wrong Man, qui marque le milieu du concert. Mat fait tomber le marcel.
La dédicace à Shaka Ponk, la reprise de Rage Against The Machine et l’instant punk sont des classiques qui font mouche à tous les coups. Sous les coups de batterie, la fosse se transforme en un joyeux bordel : une vague déferle et emporte tout sur son passage pour venir se cogner contre la scène. Mat risque le bain de foule et tape des mains. Un contraste s’établit avec The Taste, The Story of Gods and Men saupoudrés de quelques rythmes exotiques (« Love ! ») et de Être Heureux, seul titre de la setlist chanté en français et chanson engagée : la douceur et le calme se font ressentir, mais seulement l’espace de quelques instants.
Car Skip The Use poursuit et termine en trombe. Sur Ghost, Mat et Yan tapent le solo de gratte à quatre mains, le son dévie sur du ragga muffin et Manamax, clope au bec, assomme la grosse caisse ; Second To None et son intro à la Hendrix nous met KO debout comme les coups de poings qu’assène le leadsinger ; Birds Are Born To Fly transforme le Trianon en chorale furieuse (La La La La Laaaaaa La !) et un assis-debout du parterre fini presque ce puissant délire.
Un dernier morceau, l’occasion de voir une dernière fois toutes les mains en l’air (et quelques pieds) de remercier la maison de disque, le tourneur, les roadies et le public, et Skip The Use s’en retourne dans les coulisses. Une telle générosité pour offrir ce concert monstrueux à la suite duquel les orteils, le cou et les oreilles ont souffert… mais si c’était à refaire…