Elvis Costello @ Olympia Paris, 20 octobre 2014
C’est l’été indien, la salle mythique du Boulevard des Italiens brille de ses célèbres néons en façade et déroule ses longs rideaux, coordonnés avec les sièges et strapontins au tissu rouge, dans une atmosphère chargée de souvenirs éclairés par les lumières bleues du plafond. Un public plutôt quarantenaire et au delà est venu partager une soirée avec ce monument de la pop anglaise, qui a traversé les époques … et les mariages (sa dernière épouse en date est la célèbre musicienne de jazz Diana Krall avec qui il a emménagé à New York).
Elvis Costello, alias Declan MacManus, aka Napoleon Dynamite, c’est ce gars dont le visage vous dit quelque chose parce qu’il arbore les lunettes à la Buddy Holly les plus célèbres du PAA (Paysage Audiovisuel Anglo-saxon) et dont vous connaissez probablement la voix depuis le morceau « She » (écrite par Charles Aznavour), que votre fille vous impose pendant le film « Coup de foudre à Notting Hill » ; il apparait également dans son propre rôle chantant à la sortie du métro avec Burt Bacharach dans le film « Austin Powers 2 : l’espion qui m’a tirée ».
Antoine de Caunes (accompagné de Laurent Chalumeau) est dans la salle, lui qui était monté sur cette même scène pour faire tourner la roue du Spectacular Spinning Songbook en mai 2012. Elvis a invité Steve Nieve, son fidèle pianiste, à venir jouer quelques chansons en première partie. Il enchaine pendant une ½ heure seul au piano puis avec son band (un chanteur immense dégingandé et un guitariste au son clair de Telecaster). La surprise de la soirée est indéniablement Cali (avec qui il a travaillé) qui vient pousser la chansonnette …
Elvis prend d’assaut la scène vêtu d’un superbe costard bleu nuit, d’un gilet noir sur une chemise psyché bleue, de chaussures à brodequin fuchsia et d’un chapeau de couleur crème, comme s’il entrait sur un ring, prêt à en découdre. Il démarre pied au plancher par « 45 » et poursuit avec « Either side of the same town ». La scène est sobre, il est entouré de ses guitares folk et d’une ½ caisse Gibson du plus bel acabit.
Il communique avec le public entre les morceaux et parsème le show d’anecdotes à propos de ses aventures (dont certaine sont racontées dans les 400+ chansons qu’il a écrites !) ou des membres de sa famille. Il narre que sa grand-mère, la « Veronica » du morceau suivant, avait pour habitude d’accueillir son fils, de retour de son spectacle, par : « Did you get a good clap ? ».
Il transparait qu’Elvis se sent bien sur scène ; c’est son élément ; la chanson « Watch your step » en témoigne, lorsque pris dans l’enthousiasme de l’interprétation, il tape du pied la scène de l’Olympia : ça claque ! Les morceaux sont réarrangés et il n’est pas toujours aisé de découvrir quel morceau se cache derrière les accords d’introduction. L’intitulé de la tournée n’est pas usurpé, il s’agit bien d’une tournée acoustique … mais pas du tout dénuée d’énergie !
Elvis enchaine 3 de ses plus gros succès : She / Watching the detectives / Allison (a cappella) avant de faire une pause riquiqui pour (mieux) revenir accompagné de Steve Nieve au piano et jouer « Accidents will happen ». Il empoigne ensuite sa célèbre Fender Jazzmaster pour « Almost blue » et délivre une version poignante de « I want you » aux sons grinçants remplis d’échos.
Après plus de 2 heures de concert, Elvis Costello, une main dans la poche comme le personnage de crooner magnifique qu’il s’est construit, clôt les hostilités sur les morceaux Shipbuilding / Oliver’s army / (What’s so funny ‘bout) Peace love and understanding qui figurent au top-ten des préférés de ses admirateurs. Une belle soirée au cours de laquelle Elvis Costello a revisité plus de 30 ans de musique populaire britannique en une trentaine de chansons !
Chronique : Stéphane Toutlouyan / Photos : Emmanuel Wino (manuwino.com)
Photos concert Elvis Costello @ Olympia Paris, 20 octobre 2014 :