Le tout Paris se presse rue de Clichy en ce lundi automnal, pour l’un des concerts les plus courus de la rentrée, archi complet depuis un bon bout de temps. Je ne vous fais pas languir plus longtemps, il s’agit d’Alt-J, le groupe qui tire son nom du symbole triangle ou pyramide Δ produit par les touches Alt et J d’un clavier de Macintosh : ça vous pose le niveau de geekitude, non ?
La salle du Casino de Paris est toujours aussi magnétique, avec ses petits box aux tentures rouges sur les côtés et son plafond qui rappelle la piste aux étoiles. Le public est essentiellement composé de couples trentenaires, plutôt branché et très peu métissé. L’excitation de la foule est renforcée par la captation du concert par La Blogothèque, retransmis en live sur Arte Concerts.
Emmené par la chanteuse-guitariste Ellie Rowsell, Wolf Alice monte sur scène vers 20h et enchaine une petite dizaine de chansons en 1/2 heure. Pop-rock plutôt agréable, bassiste blond peroxydé qui tient la baraque, la reprise inspirée de Wicked Game de Chris Isaak constitue le point culminant du set.
Les 3+1 membres d’Alt-J arrivent sur scène vers 21h et se positionnent devant leur instrument/pied de micro en ligne sur le devant de la scène (on dirait les 4 humanoïdes de Kraftwerk) sur un éclairage en contrejour rouge. Ils sont habillés de façon stricte, en noir… sauf le batteur qui porte des chaussettes décorées de feuilles de cannabis. Le clavier et le guitariste-chanteur arborent une moustache du plus bel effet : est-ce un message annonciateur de Movember ?
Ce qui frappe en premier lieu, c’est la très bonne qualité du son ! Le groupe démarre par Hunger Of The Pine, morceau calme et envoutant puis enchaine avec Fitzpleasure, l’un des singles du premier album An Awesome Wave, sur lequel le public réagit dès les premières mesures. Les gars de Leeds enfoncent le clou avec Something Good, qui propose un rythme enjoué et permet à Gus Unger-Hamilton de faire admirer sa dextérité.
Très compact et cohérent malgré le remplacement du bassiste en début d’année, c’est propre, parfaitement exécuté, les musiciens sont très concentrés, les chansons assemblent de complexes harmonies de voix et des arpèges de guitare, en ajoutant de temps à autre des variations de xylophone.
Le public entonne le refrain de Matilda, morceau qui fait référence au film Léon de Luc Besson. Pour les aficionados, le refrain psalmodie la phrase « This is from Matilda », paroles que cite le personnage de Léon avant d’exploser son ennemi.
Alt-J alterne les morceaux de ses deux albums et quitte la scène au bout d’1 heure. Ils reviennent pour un rappel de 4 morceaux qui confirme que la recherche de l’interprétation parfaite est un des leitmotiv d’Alt-J ; quelques approximations de justesse ou de tempo sur les deux dernières chansons ne sont cependant pas de nature à entamer l’enthousiasme du public… qui viendra sans aucun doute grossir les rangs de ceux qui se déplaceront au Zénith le 4 février !
Chronique : Stéphane Toutlouyan / Photos : Michela Cuccagna (http://www.popuptale.com/)