Deux groupes britanniques d’un autre temps donnaient rendez-vous au public parisien mercredi 6 novembre au Trabendo. A ma gauche, ils nous viennent d’Exeter, Angleterre, ce sont The Computers, véritables Forbans des temps modernes… en bien plus disjonctés ; à ma droite, originaire de la région de Bath, The Heavy, avec un chanteur un peu style Seal, ce groupe de rock indé touche se noie dans plusieurs styles musicaux. Soirée pour les nostalgiques des années 60-70.
The Computers, totalement Happy Days
Rarement on a vu sur scène un groupe aussi décalé et branché à la fois que The Computers. Le costard-cravatte années 60 style Chaussettes Noires, ces anglais complètement barrés font bien sûr dans le rock’n roll, les yéyés et le twist, mais en plus méchant. On assimile d’ailleurs leur musique à du garage, de la soul et du punk. L’énergie et la folie du lead singer Alex Kershaw font de leur concert un moment unique.
Incarnant la figure du pasteur, Alex monte en chaire sur l’enceinte dès le deuxième morceau pour prêcher leur rock endiablé. Les titres défilent et celui-ci reste bien haut percher tantôt sur les baffles des deux côtés de la scène, tantôt sur le clavier. C’est un véritable sermon auquel a droit le Trabendo de sa voix puissante : «Tonight Ladies and Gentlemen, we’re gonna save your souls ».
Musicalement, les pieds des premiers rangs sont comme envoûtés au son du twist’n roll de leurs titres, notamment ceux extraits de leur dernier album, Love Triangles, Hate Squares : Mr. Saturday Night, Nothing to Say et C.R.U.E.L. Certains morceaux, comme sur l’incontournable Disco Sucks, continuent de posséder les corps des spectateurs. Ces brebis égarées répondent au doigt et à l’œil du chanteur, même quand celui-ci sépare la foule en deux pour provoquer, à son signal, un gros dancing pogo.
La spécialité de ces quatre anglais dans le vent est aussi le slow bien rétro, comme avec cette reprise de Percy Sledge, When A Man Loves A Woman, ou avec le titre Single Beds. Les couples se forment sur la piste, l’amour flotte dans l’air, les éclairages sont tamisés, il ne manque plus que la boule à facettes. Kershaw termine sa performance debout sur la console pour un dernier « Alléluia ».
Déjà présents à la Flèche d’Or et au festival Rock En Seine, The Computers savent gagner la foule comme peu de groupes le font à l’heure actuelle, et ont pour mission sainte de faire shaker les fessiers.
The Heavy, quand le rock rencontre la soul
The Computers avaient d’ailleurs joué aux côtés de The Heavy au Bataclan en février 2013. Dans un style complètement différent, mais avec cette identité soul qui fait revivre « le bon temps », ce groupe anglais a su ambiancer le Trabendo à sa manière.
Le chanteur très classe de The Heavy, Kelvin Swaby, s’approche du micro vingtage placé au centre de la scène. L’espace est totalement occupé par le groupe : en plus de Dan Taylor à la guitare, Spencer Page à la basse et Chris Ellul à la batterie, la formation est accompagnée d’une session cuivres et de choristes. Swaby se sentirait presque comme un James Brown.
Le groupe entame sur « du lourd » avec les titres de leur dernier album The Glorious Dead, paru en 2012. Saxo et trompettes se tiennent prêts en fond de scène tandis que Kelvin Swaby travaille le public. Tel un crooner, il charme par sa voix et ses gestes. Le rockeur à l’âme soul tombe la veste dès la fin du deuxième morceau pour laisser paraître un débardeur blanc, effet moins smooth instantané.
Solos de grattes, hurlement de cuivres et énergie des chœurs, la fosse participe au spectacle en reprenant derrière Swaby, en tapant des mains ou en balançant les bras de droite à gauche. On passe de morceaux teinté de soul et de funk au raggae de Jamaïque sans oublier le goût de Rap US avec l’excellent titre The Big Bad Wolf, sur lequel le public reprend « WOOH WOOH ! ». The Heavy laisse éclater ses diverses couleurs musicales mais n’en oublie pas le bon vieux rock indé.
Le temps d’un slow langoureux à la Seal et Swaby reprend de plus belle pour lancer un petit grain de folie à travers le Trabendo. Juste avant le rappel, il n’omet pas de présenter les musiciens avant de revenir sur scène et jeter les dernières forces dans la bataille. Encore deux chansons soul et The Heavy termine sur une note plus énergique qui bouclera cette belle soirée nostalgie des tendres années rétro.