Chronique du concert de Tool à l’Accor Arena Paris, le 5 juin 2024
La curiosité et le besoin de comprendre le phénomène métal progressif m’amènent ce jour ensoleillé aux abords du POPB (comme on l’appelait à l’époque) où j’ai tellement de souvenirs de concerts incroyables… et de bouteilles de Yop dans notre survet bleu et jaune !
Bercy se remplit très doucement et la première partie, Night Verses, monte sur scène dans une salle aux 3/4 vide. Ce trio instrumental de Los Angeles est conforme à ce qu’on peut attendre : musiciens virtuoses, il jouent un rock agréable heureusement réhaussé par le batteur dont le set de batterie doit contenir une trentaine d’éléments et qui semble directement branché sur le 220V. Tool débarque sur l’enregistrement « Third eye » et on est immédiatement plongé dans une ambiance sonore post-apocalyptique caractéristique de leur musique.
Devant un gigantesque écran qui courre sur toute la longueur de la scène, celle-ci est constituée de 2 plateformes de chaque côté de la batterie, sur lesquelless chante Maynard James Keenan, maquillé outageusement et affublé de sa crête habituelle, qui tourne comme un iguane en cage pendant les parties instrumentales, toujours dans l’ombre et à l’abri des poursuites … Ils démarrent par le morceau « Jambi » tiré de leur avant-dernier album « 10 000 days », sorti en 2006. Il convient de noter que Tool, dont les débuts remontent au début des années 90 à Los Angeles, fait office de modèle de stabilité mais n’a sorti que 5 albums studio en plus de 35 ans de carrière !
La première heure du show fait la part belle au dernier album « Inoculum », tandis que des images psychédéliques sont projetées en arrière plan et que les 4 musiciens virtuoses déroulent des chansons « complexes » (c’est sûr qu’on est loin d’AC/DC !) assorties d’un son puissant et compact : le guitariste Adam Jones maltraite sa Gibson Les Paul … mais reste très calme. Maynard James Keenan harangue la foule à plusieurs reprises et essaie de la rendre jalouse du public des autres pays.
Tool fait une pause et leur retour sur scène est marqué par un solo de gong : le batteur Danny Carey est certes très fort techniquement (et reconnu comme un composant essentiel du son et des compositions de Tool) mais je croyais naïvement que ce n’était plus autorisé depuis 1984 ? Les morceaux durent longtemps (à peine une douzaine de morceaux pour plus de 2 h de concert) et sont épiques ; le public semble hypnotisé et fasciné par ce spectacle sensoriel complet : le chanteur a dès le début demandé aux spectateurs de laisser de côté leur téléphone portable pour profiter pleinement du show.
Le groupe termine son set par le morceau « Stinkfist », que le chanteur introduit en indiquant que c’est le moment pour faire des photos et enregistrer des souvenirs « sur la pellicule ». Maynard James Keenan salue et s’éclipse, tandis que les 3 musiciens déambulent sur la scène et savourent l’ovation du public, pendant que la sono délivre un « Dancing queen » d’ABBA quelque peu décalé …
Chronique : Stéphane Toutlouyan / Photos : David Fritz Goeppinger