Avec « My Ladies Rock », le chorégraphe Jean-Claude Gallotta fait se rencontrer icônes féminines du rock et danse contemporaine. Un spectacle dont on apprécie autant la bande son que ce qu’il se passe sur scène.
Comme il l’avait fait en 2015 dans « My Rock« , Jean-Claude Gallotta raconte à nouveau l’histoire du rock dans sa dernière création. Mais, cette fois, à travers les icônes féminines. Pour ce spectacle de danse contemporaine, il convoque tour à tour Tina Turner, Nina Hagen, Patti Smith, Nico, Betty Davis et bien d’autres encore. Pionnières du rock immortelles à la carrière d’étoiles filantes ou s’inscrivant dans la longévité, elles ont toutes marqué l’histoire de ce courant.
Le célèbre chorégraphe de danse contemporaine insiste sur la difficulté des femmes à se faire une place dans le monde très masculin du rock’n’roll. Il présente chaque titre qu’il a sélectionné, parfois avec des souvenirs personnels, s’appuyant sur la projection d’images au fond de la scène. Cette histoire des femmes du rock prend vie grâce aux 11 danseurs, 5 femmes et 6 hommes, du groupe Émile Dubois qu’il dirige.
Dans ses chorégraphies, Jean-Claude Gallotta mélange les genres : plus personne n’a de rôle genré (féminin ou masculin) ; et met en scène des duos, trios, quatuors… là où « My Rock » s’articulait uniquement autour de duos.
C’est Wanda Jackson, contemporaine d’Elvis Presley, qui ouvre le bal avec « (Let’s have a) Party« . En duo ou en trio, les danseurs reprennent les gestes du rock’n’roll pour le plaisir des yeux. Puis, au rythme de « I’m Sorry » de la très jeune Brenda Lee, enfant prodige du rock, les danseurs s’exécutent en lingerie avant de se mouvoir très lentement et de manière sensuelle sur l’émouvante « Sister Morphine » de Marianne Faithfull. Sur « Christine » de Siouxsie and The Banshees, tout de noir vêtus, les quelques accessoires portés par les danseurs rappelle le style gothique dont la chanteuse du groupe fut l’une des précurseuses.
Sur « Baby I love you » d’Aretha Franklin, la chorégraphie, toujours en duos, où les portés sont aussi bien exécutés par les hommes que par les femmes, rappelle le fameuse scène du concours de dans du bal de promo dans « Grease« . Un régal.
Outre le plaisir des yeux, ce spectacle a le mérite de nous rappeler – voire nous faire connaître – des chanteuses talentueuses qui n’ont pas toujours eu la carrière qu’elles auraient mérité. Comme la française Lizzy Mercier Descloux, résolument punk, et amie de Patti Smith. Il convoque aussi Laurie Anderson, épouse de Lou Reed. Sur sa musique expérimentale, un trio masculin s’exécute en slips et chaussettes mais avec une veste très classe.
En jeans pattes d’éléphant, le groupe Émile Dubois hommage à Janis Joplin dans un ballet énergique avant que ne résonne « Swing Low Sweet Chariot« , chanson que Joan Baez interprète a capella en mémoire de Janis, où les artistes, vêtus de blanc, sont plongés dans le noir. Après la mélancolie place à l’énergie grâce à « Dread Love » de Nina Hagen, où l’une des danseuses crie et gesticule à la manière d’une certaine…Nina. Elle laisse ensuite la place au magnifique « Because The Night » interprété par Patti Smith avant le finale sur « Proud Mary » de Tina Turner.
« My Ladies Rock » au Théâtre du Rond-Point jusqu’au 4 février. Puis en tournée à Neuilly-sur-Seine le 8 mars, à Maisons-Alfort le 9 mars, à Argenteuil le 10 mars, à Limoges le 14 mars etc.
Crédit photos : Giovanni Cittadini Cesi