Sorti le 27 octobre dernier au Royaume Uni, Kara, premier album de We Are Shining, formation composée d’Acyde et de Morgan Zarate, paraissait seulement cette semaine en France. Signés sur le label Marathon Artists, le duo très prometteur made in London qui a refusé une proposition de Kanye West présente une œuvre incroyablement psyché, groovy, funky, electro, jazzy… qui emporte tout sur son passage.
La pochette d’un disque peut parfois en raconter beaucoup sur le style musical de l’artiste. Là, en l’occurence, il faut un peu se creuser… Le titre, Kara, pourrait être le nom d’une femme, d’un endroit, d’un dieu… un mot d’origine aborigène, africaine, sud américaine… une inconnue qui prend forme sur la musique de ces anglais déjà tellement chevronnés. Zarate le DJ, Acyde le chanteur : ces deux là possèdent un bagage de sons impressionnant. Assez impressionnant pour embarquer certaines des plus belles voix féminines du Royaume-Uni dans cette aventure.
D’entrée, les deux premiers titres annoncent le délire des We Are Shining. Road nous plonge dans une ambiance rock à l’ancienne, avec une voix à la Hendrix, des instruments à cordes venus d’Inde ou de Turquie, et le merveilleux timbre de la chanteuse du groupe indé anglais Noisettes, j’ai nommé la charmante Shingai Shoniwa. Hot Love poursuit cette descente dans l’underground londonien. Les changements de rythmes (tantôt tambourin effréné, tantôt tendre piano) et le chant puissant d’Acyde qui parvient à trouver échos parmi les chœurs créent l’ambiance des nuits chaudes et sensuelles. La présence de Adwoa Aboah, modèle anglais, ajoute la touche de charme dans le clip.
Hey You fait également partie des temps forts. C’est le groove qui transpire de ce morceau ô combien groovy. Les riffs cinglants d’une guitare d’un autre temps, le tempo soutenu et acharné qui part sur des percussions afro et la basse infernale nous transportent dans des endroits et des époques différentes. Acyde termine le travail en martelant du « Hey You » sur ces rythmes toujours plus rapides. Un titre qui se laisse écouter en mode repeat.
Un album de couleurs
We Are Shining a dépassé les frontières pour réaliser Kara. De par leurs origines (Morgan est d’origine argentine, Acyde, nigérienne), leurs voyages et les heures passées chez les disquaires de quartier à découvrir et à parler musique, ils se risquent à mélanger les genres pour obtenir un véritable florilège musical qui donne toute la richesse de Kara. Le morceau Wasted Times nous emmène avec ce genre de percussions sur de l’Afro rock ; on se situerait plus vers les pays de l’est ou à l’entrée de l’Orient avec Thru The Dark ; Wheel pourrait aussi bien tirer ses racines musicales d’Afrique que d’Amérique latine. Et pourtant, Kara n’est pas un album World…
Ce qui frappe également sur cette oeuvre est l’omniprésence de la gente féminine. Tantôt en duo aux côtés d’Acyde, tantôt solo, il n’y a pas moins de 6 invités sur la version iTunes (14 titres contre 11 version standard). Plus ou moins connues en France, Eska, Roses Gabor et Eliza Doolitle restent des artistes reconnues au Royaume-Uni. Ces deux dernières interprètent seules les titres Stagedive, morceau qui brille par son énergie très agressive, et Killing, (bonus version iTunes), bain chaud d’électro qui rappelle la dimension club des deux anglais… à couper au couteau…
« Surprenant » semble être le mot qui vient de suite à l’esprit au terme de la première écoute de Kara. We Are Shining brille de mille feux par leur audace et leur savoir musical. La construction de chaque morceau ressemble à un jeu de legos où l’on associe rythmes de telle contrée à sons de telle autre et où l’on s’amuse à mélanger genres musicaux. Un amas d’ondes positives qui nous pousse à tout arracher sur le dancefloor.
Chronique : Romain Hemelka