The Beach Boys, Paris Olympia le 21 novembre 2014
Octobre 1966. Les Beach Boys foulent les planches de l’Olympia pour la première fois de leur vie. Le groupe de surf rock californien, composé des frères Carl, Dennis et Brian Wilson, de leur cousin Mike Love et de l’ami Al Jardine, convertit la planète entière à la pop symphonique de leur album Pet Sounds! 48 ans plus tard, la formation initiale n’est plus qu’un lointain souvenir. Le destin s’est révélé plutôt cruel avec les Beach Boys : la santé mentale fragile de Brian, la mort prématurée de Dennis et Carl (respectivement décédés en 1983 et 1998), les querelles juridiques et enfin la réconciliation salvatrice en 2011 à l’occasion des 50 ans du groupe.
Ils auront tout vécu ! Assister à l’un de leurs concerts tient du miracle… Brian Wilson, bien qu’entre-aperçu dans la récente reprise de « God Only Knows » pour la BBC, n’a pas souhaité repartir en tournée. C’est grâce à la volonté de fer de Mike Love, Bruce Johnston et du Beach Boys Touring Band que nous pouvons vivre ce concert unique. Aujourd’hui âgés de plus de 70 ans, les désormais « papys du surf rock » n’ont rien perdu de leur flegme et de leur espièglerie.
Toujours aussi énergiques et aguicheurs, ils ont choisi de débuter ce concert-marathon en jouant pas moins de 7 titres d’affilée parmi lesquels « Little Honda », « Surf City » ou encore « Catch A Wave ». Taquin, Mike Love prévient alors le public que puisque personne ne danse, le groupe va cesser de jouer des morceaux rapides… pour enfin admettre avec un clin d’œil : « J’ai menti ! ».
Le groupe freine pourtant la cadence, le temps d’entonner « Surfer Girl » mais repart de plus belle avec « Wendy », suivi du magnifique « When I Grow Up (To Be A Man)« . Les voix ont certes (un peu) vieilli mais l’harmonie est intacte. Presque tous les membres du groupe ont d’ailleurs droit à leur solo vocal. C’est notamment le cas du batteur John Coswill sur « Cotton Fields », du lead guitariste Scott Totten sur « Ballad of Ole’ Betsy » et du guitariste Jeffrey Foskett sur « Don’t Worry Baby ». La foule enthousiaste n’en finit plus de danser et le groupe clôture en beauté cette première partie avec un « I Get Around » ovationné.
La deuxième partie reprend sur les chapeaux de roue et c’est une de leurs vieilles reprises « California Dreamin’ « que nous proposent les Beach Boys. Le temps de faire un détour par l’emblématique « Wouldn’t It Be Nice » que le groupe revisite déjà « Dance, Dance, Dance ». Un interlude a cappella, à quatre voix, sur « Their Hearts Were Full Of Spring » permet à l’assemblée de reprendre son souffle avant de repartir explorer l’indispensable « God Only Knows« .
S’ensuit un hommage touchant de Mike Love à son ami George Harrison par le biais du morceau inédit « Pisces Brothers« . Ce dernier évoque leur voyage commun en Inde, à la rencontre du Maharishi Mahesh Yogi et de ses techniques de méditation transcendantale. Toujours en transe, le groupe entonne par la suite le psychédélique « Good Vibrations« , bientôt repris en chœur par le public. Désormais lancés, les Beach Boys sont inarrêtables et c’est un feu d’artifice de tubes qui s’enchaînent maintenant avec « Do You Wanna Dance ? », « Help Me, Rhonda », « Rock N’ Roll Music », « Barbara-Ann » et « Surfin’ in the USA ».
Acclamé par la foule, le groupe, surpris d’un tel enthousiasme, offrira deux rappels fabuleux à ses fans. Tout d’abord, « Kokomo », morceau devenu indissociable de Tom Cruise dans le film « Cocktail », puis le bien-nommé « Fun, Fun, Fun« . Deuxième rappel. Les Beach Boys émus proposent une redécouverte du sous-estimé « Wild Honey ». Le concert s’achève enfin sur une reprise endiablée et très inspirée de « Back In The U.S.S.R. » des Beatles.
Au total, les nouveaux/vieux Beach Boys auront joué 42 titres, visiblement avec la même fougue et le même plaisir qu’il y a 50 ans. De quoi calmer les sceptiques qui s’indignaient du prix « prohibitif » des concerts… Ces survivants des 60’s nous ont une fois de plus prouvé qu’ils en avaient encore sous la planche !
Chronique : Audrey Bongat / Photos : Carsten Wilde