Après la sortie il y a quelques mois de son neuvième album Ici Bas, Ici Même, Christophe Miossec a largué les amarres au Trianon vendredi soir. Ce dernier album un poil en dessous des 1964 et L’Étreinte était toutefois un beau prétexte pour découvrir un artiste habité et touchant sur scène qui s’est donné corps et âme au public de la capitale.
Rares sont les endroits à Paris où règne une telle atmosphère. Le Trianon figure parmi les plus intimistes et des plus belles salles parisiennes. Après quelques chansons douces et mélodieuses d’une première partie toute en poésie, Miossec entre en scène à pas de loup, le sourire en coin, tel le vieux loup de mer qu’il est resté. Coiffé d’un chapeau noir, il s’empare du micro d’une main et du pied du micro de l’autre. Il ne les lâchera que très rarement au cours de la soirée.
Le brestois et les musiciens qui l’entourent, cinq au total, ont choisi de présenter l’intégralité du dernier album Ici Bas, Ici Même. Aucune des 11 chansons n’est oubliée. Les premiers morceaux, Samedi Soir à Vauban, Bête Comme J’Étais Avant et Nos Morts annoncent ainsi la couleur sous une lumière feutrée. Mais de Boire à Baiser en passant par Brûle et À Prendre, les albums les plus anciens ne sont pas délaissés.
Des textes qui évoquent l’amour, mais aussi la politique, la société, sur de belles mélodies, c’est ça la touche Miossec. Pétrie d’émotion, les yeux mi-clos, l’un des descendants de Gainsbourg ne force pas l’interprétation. Quelques petits traits d’humour viennent ponctuer le spectacle, mais ce qui captive le public reste sa façon de raconter des histoires ou de décrire des lieux en musique. Les artistes de qualités qui l’accompagnent s’illustrent tour à tour au fil des chansons.
C’est aussi l’occasion de découvrir ou de redécouvrir les magnifiques paroles du poète. La fosse tangue, les balcons restent encore bien calmes. Le Trianon s’emballe franchement sur les les tubes La Fidélité dans une étonnante version, la merveilleuse Je M’En Vais et l’entraînante La Facture d’Électricité où l’on reprend « Pa-pa-la-pa » à tue-tête. Les frissons saisissent les spectateurs lors du premier rappel quand viennent Rose et La Mélancolie.
Dernier retour sur scène pour celui « qui joue très bien des virgules », seul accompagné de sa guitare. Juste après la boutade « ils ont les chapeaux ronds… », Miossec embraye avec la fameuse Les Bières Aujourd’hui S’Ouvrent Manuellement, tellement rock depuis la reprise de Deportivo que l’auteur / compositeur ne manque pas de remercier.
Brest et Que Devient Ton Poing Quand Tu Tends les Doigts mettent un point final au concert. La salle est debout et offre un tonnerre d’applaudissements pour le breton au cœur tendre. Sa prestation juste et intense a fait l’unanimité auprès d’un public jeune et moins jeune. Une dernière vacherie aux parisiens avant de quitter la scène, mais ça ne fait rien Miossec, nous aussi on t’aime quand même !
Chronique : Romain Hemelka / Photos : Emmanuel Wino (www.manu wino.com)