Une semaine après la sortie de leur 3e album Encyclopedia, The Drums poursuivent leur tournée aux US. Avec tous ces joujoux techno d’aujourd’hui, on peut faire aisément donner une interview à distance. Jonathan Pierce, l’un des deux membres fondateurs du groupe, a accepté de répondre à nos questions sans détour : la conception de l’album, la presque-séparation et le retour en grâce de cette formation indie pop archi hype de Brooklyn.
Pourquoi la musique de The Drums sonne-t-elle « so British » ?
Jonathan Pierce : Je ne dirais pas que notre son fait britannique. Je pense qu’on a toujours été attiré par l’esprit Americana dans nos morceaux comme nos illustrations. Tu sais, un groupe comme Orange Juice, résolument britannique (groupe post-punk de Glasgow, Écosse), a déclaré que sa plus grande influence musicale était le Velvet Underground, que l’on associe tout de suite à New York. Tout le monde influence tout le monde, mais nous, on essaie d’exprimer ce qu’on ressent. Mais tu peux dire ce que tu veux…
Quel est le sens du titre et de la pochette de l’album ? Comment les avez-vous choisis ?
J.P. : En y réfléchissant et à tout bien considérer, ce que signifie la pochette de l’album coule de source. On a vécu tellement de trucs depuis qu’on a démarré The Drums il y a 5 ans. Des membres du groupe qui vont et viennent, des gens qui profitent de nous, et entre tout ça, deux albums, un EP et une tournée à n’en plus finir, c’était à en devenir fou. Il s’agit vraiment d’un tout nouvel album pour nous et d’une toute autre direction. C’est le dernier volume de notre Encyclopédie à ce jour. Il représente The Drums à l’état pur et dans sa forme d’origine : Jacob (Graham) et moi !
« Je les considerais comme ma famille mais ils nous ont laches si facilement… »
Après Portamento, le groupe aurait pu se séparer. The Drums sont-ils plus forts que jamais ? Composer ce troisième album vous a servi de thérapie ?
J.P. : Quand on a terminé la tournée de Portamento, on s’est senti seuls et abandonnés, et moi j’avais la rage à cause de la situation de chaos dans laquelle on s’est trouvé. J’avais beaucoup misé sur Connor (Hanwick) et Adam (Kessler) que je considérais comme faisant partie de ma famille mais ils nous ont lâchés si facilement… ça me saoule grave encore aujourd’hui. J’ai pris une année pour oublier tout ça. Et puis un jour j’ai eu le déclic, j’ai mis un terme à tout ça. Jacob et moi avons décidé d’écrire à nouveau et on a réalisé que c’était la totale liberté créative dont on avait besoin. On pouvait littéralement faire enfin ce qu’on voulait. Ça a été une révélation.
Quel était le challenge pour ce troisième album ? Était-ce de faire un meilleur album que The Drum et Portamento ou crée quelque chose de tout-à-fait différent ?
J.P. : On avait décidé de faire de la musique dans le style qu’on souhaitait et au final on savait que ça allait le faire car on est The Drums. Et bien qu’on doive aiguiser nos outils, ce sont les mêmes outils qu’on a toujours utilisés : usés, rouillés, mais plein d’esprit ! On voulait que notre son soit parfaitement transparent (moins de résonance) tout comme nos textes (finies les conneries).
Sur votre site on peut lire: « Le studio que nous avions loué était sombre et lugubre ». Pourquoi vous infliger ça ? Vous aviez besoin de vous isoler dans une ambiance un peu terne pour créer Encyclopedia ?
J.P. : Parce que la seconde où on passe la porte d’un nouveau studio tout beau tout propre avec du super matos, on s’ennuie à mort. Il n’y a aucune texture, et d’un coup tu te rends vite compte que tout ça, c’est la machine à fric. Le minimum c’est d’enregistrer dans un endroit où il caille parce que le radiateur est mort, ou tout ce qui peut donner de la matière à ce qu’on fait. On commence à écrire des chansons sur la solidarité, sur les feux de camps, sur la mort…
Pourquoi sortir Magic Mountain comme 1er single ?
J.P. : Ce morceau est arrivé au moment où on a réalisé combien on se sentait mal et comment les choses allaient pouvoir s’améliorer en combattant le mal. On doit vivre mais on doit surtout apprendre.
Peut-on dire qu’avec Encyclopedia, on peut vous lire comme dans un livre ouvert ?
J.P. : C’est l’album le plus sincère qu’on ait réalisé. Ça ne sert à rien de cacher quoi que ce soit. La vie est bien trop courte.
Propos recueillis par Romain Hemelka