Wishbone Ash se montre plus actif que jamais. Le groupe, mené par son membre fondateur Andy Powell (guitare et chant), rend visite à ses fans français régulièrement. Wishbone Ash vient également de publier son 25ème album Blue Horizon, incontestablement l’un de leurs meilleurs parus ces dernières années. Nous avons rejoint Andy Powell dans les coulisses du Divan du Monde, quelques heures avant leur concert. C’est la 2ème fois que nous avons la chance de le rencontrer, et c’est à chaque reprise un réel plaisir. Ce grand monsieur déborde de gentillesse.
Quels souvenirs gardes-tu de votre dernier concert à Paris dans le cadre de la tournée « Argus » ?
Ça c’était très bien passé. Les gens étaient très réceptifs. Nous bénéficions toujours d’un très bon son au New Morning. Je pense qu’il en sera de même ici ce soir. Nous avions joué l’intégralité d’Argus aux Etats-Unis et en Angleterre, mais jamais à Paris auparavant.
Blue Horizon vient tout juste de paraître. Les critiques sont exceptionnelles. T’attendais-tu à ces retours ?
Non ! Mais nous avons fait un grand nombre d’interviews. Cela a du contribuer au buzz. Je pense que le timing est parfait, et puis je pense que notre précédent album Elegant Stealth a taillé le chemin pour cet album. Cela semble être une bonne période pour nous, car il y a un regain d’intérêt pour notre musique.
Comment expliques-tu l’inspiration après tant d’années ?
L’une des philosophies du groupe a été la pensée positive dès sa création. J’ai intériorisé cela très vite et je l’applique encore à ce jour. Il est très facile d’être négatif dans ce business car ce n’est pas facile tous les jours. Je me sens privilégié de pouvoir jouer de la musique. Mais je ne l’ai jamais ressenti comme quelque chose d’acquis. J’adore faire des albums. Ainsi, tous les deux ans nous retrouvons le chemin du studio. Je suis constamment stimulé sur un plan créatif. Aussi, j’adore voyager, à la différence de nombreux musiciens. En ce qui me concerne, je me sens chez moi partout. De me retrouver à Paris en train de parler avec toi est tout à fait normal pour moi. Je ne me dis pas que je dois tendre le gazon chez moi (rires).
La line-up actuel de Wishbone Ash en est à son troisième album studio. Pour de nombreux groupes il s’agit de l’album de la maturité. Penses-tu que cela s’applique à l’album Blue Horizon ?
Oui, dans un sens c’est juste. Nous nous connaissons vraiment bien dans le groupe, donc je pense qu’on approche humainement de la maturité.
As-tu un titre favori sur Blue Horizon ? L’un d’eux peut-il concurrencer avec vos classiques ?
Je pense que cela pourrait être le cas du dernier titre sur l’album, All There Is To Say. Il a vraiment les caractéristiques d’un titre classique de Wishbone Ash. L’album est très diversifié, mais je pense que le premier, Take It Back, et ce dernier titre, capturent l’essence même de ce qui fait le son du groupe. L’album mélange autant la musique de type westcoast avec Way Down South, mais passe également par le rock progressif, le jazz et la musique celtique. Il y en a pour tous les goûts.
Comment expliques-tu justement cette diversité sur Blue Horizon ?
Cela vient des influences de chacun des membres du groupe. En ce qui me concerne, j’ai grandi à une époque où il y a eu beaucoup de changements sur un plan musical, des années 50 aux années 70 : les débuts du rock, la période de British Blues, le folk rock, la musique psychédélique. Cela m’a donc ouvert à tout genre de musique. La semaine dernière je suis allé voir Arcade Fire en concert, le lendemain j’ai vu Don Williams, un chanteur country. La semaine précédente je voyais Paul Simon. Je pense que le bon mot serait « éclectique ».
Quelles sont les différences entre Blue Horizon et son prédécesseur en ce qui concerne l’écriture ?
Sur Elegant Stealth nous étions entre nous, juste nous quatre. On a d’ailleurs filmé l’enregistrement dans notre studio en Normandie. C’était une expérience très intense. Pour Blue Horizon, nous avons décidé d’agrandir l’équipe de production : Ian Harris a écrit des paroles, mon fils a contribué à l’écriture de certains titres. Pat Mc Manus apparaît également sur certains morceaux.
On entend également des sonorités irlandaises sur cet album. Tu n’es pas irlandais pourtant !
Mais j’ai du sang anglais. Et je me sens très proche de la musique folk anglaise. J’aime surtout la passion que véhiculent la musique irlandaise et les jigs and reels. Il y en a un peu dans la musique anglaise, mais pas aussi intensément que dans la musique irlandaise.
En regardant les setlists de vos précédents concerts, j’ai été surpris de ne pas y voir figurer Take It Back, pourtant l’un des meilleurs morceaux sur Blue Horizon.
Ce sera bientôt le cas. Pour l’instant nous ne jouons que deux nouveaux morceaux. J’adorais en jouer l’intégralité, mais c’est trop tôt pour la France. Il faut que les gens aient le temps de d’écouter l’album. Mais si tu reviens nous voir prochainement, tu pourras l’entendre.
Pat Mc Manus intervient sur plusieurs morceaux de Blue Horizon. Vous semblez être de très bons amis.
Oui, c’est un très bon ami. Je l’ai rencontré la première fois avec son groupe Mama’s Boys lors d’une tournée dans les années 80. On a vraiment fait connaissance il y a 3 ans quand il m’a invité chez lui en Irlande pour jouer dans des clubs. Les gens ne savent pas que c’est un fabuleux joueur de fiddle, en plus d’être un excellent guitariste. Nous pensons à Pat Mc Manus « le rocker », alors qu’il a grandi dans un environnement de musique irlandaise traditionnelle.
On vous a vu jouer l’intégrale de Argus il y a deux ans au New Morning. L’idée de faire de même avec Live Dates est-elle venue de là ?
Non, en fait c’est un promoteur néerlandais qui m’a proposé cette idée en janvier dernier. Je n’étais pas emballé par cette idée au départ. Nous l’avons finalement fait là-bas avec succès à l’occasion d’une date. J’en ai parlé à un promoteur ici qui s’est montré enthousiaste. C’est une bonne approche, car cela attire un public qui n’est pas trop habitué à nos albums les plus récents et davantage attiré par nos premiers albums.
Certains des morceaux sur Live Dates n’ont pas été joués depuis très longtemps. As-tu du réapprendre certains de ces morceaux ?
Oui, notamment le morceau Lady Whiskey. C’est intéressant de revisiter tous ces morceaux après tant d’années.
Vous passez énormément de temps en tournée. Y a-t-il une raison principale à cela ?
Qu’il s’agisse d’un petit ou d’un grand groupe, on est tous dans l’obligation de partir en tournée. C’est la seule façon de faire vivre un groupe. Nous avons toujours été habitués à cela. Cela ne me pose donc pas de problème.
Quelles sont tes principales activités en dehors des tournées ?
Je pratique beaucoup le yoga. J’aime beaucoup jardiner aussi. Je suis un grand fan de culture, ce qui passe par la lecture de bouquins, de magazines. Je regarde énormément de films. Je suis un homme très occupé (rires).
Propos recueillis par Thorsten Wollek