El Pintor – il ne vous a pas échappé qu’au-delà de la signification « le peintre » en espagnol, il s’agit d’un anagramme de Interpol – marque le retour de ce groupe de New-York après 4 ans d’absence.
Interpol, c’est ce groupe qu’on voit souvent en costume et/ou cravate sur les photos de groupe et dont les pochettes d’album s’incrustent très profond dans votre mémoire, au point de devenir très familières : j’en veux pour preuve Our Love To Admire avec la photo de ce lion qui saute sur une antilope et qui vous rappelle votre visite au Muséum d’Histoire naturelle avec une cousine de province, ou Antics à la police de caractère qui attire l’œil. Pour ce 5ème album, la pochette présente deux mains féminines sur le point de se joindre, aux ongles peints et éclairées de rouge.
D’Interpol, on connait évidemment le premier album Turn On The Bright Lights qui figure parmi les meilleurs disques de l’année 2002.
Connexion transatlantique entre l’East Village et Dublin
El Pintor a été enregistré au cours de l’automne 2013 aux studios Electric Lady et Atomic Sound de New York par James Brown, connu pour avoir travaillé avec les Foo Fighters, et mixé par Alan Moulder, producteur de My Bloody Valentine, The Smashing Pumpkins et Nine Inch Nails.
L’album démarre par All The Rage Back Home, morceau au son de guitare assez clair, qui tricote des gimmicks en arrière plan ; le son de batterie est ferme sans être agressif, la ligne de basse porte l’ensemble et accompagne la voix qui reste dans un registre moyen.
Le morceau My desire qui enchaine est, selon moi, le meilleur de l’album : la ligne de basse qui groove mériterait que ce soit le premier single… mais la maison de disques en a décidé autrement.
Ca démarre ainsi :
« In my desire, I’m a frustrated man
Some of us ask for peace, do what we can…”
Les morceaux de l’album constituent un ensemble compact, exécuté de main de maitre et duquel il ne ressort que peu de fanfaronnades : on n’a pas tellement envie de pouffer ou de faire des blagues de potaches en écoutant El Pintor. L’ambiance qui se dégage se rapproche de la Cold wave et on comprend aisément pourquoi Interpol a été comparé à Joy Division ou à des groupes plutôt catalogués – à tort ou à raison – du côté du rock épique.
Everything Is Wrong est un morceau qui sent bon le pop-rock britannique incontournable sur les ondes depuis une dizaine d’années. Ancient Ways attaque sur un rythme de batterie enjoué, agrémenté de nappes de guitare qu’on pourrait écouter pendant 15 minutes ! Quant aux arpèges de guitare sur Tidal Wave ou au mid tempo accrocheur de Twice As Hard, ils nous rappellent qu’Interpol a tourné avec quelques-uns des principaux groupes européens ces dernières années.
Tout ça donne très envie de voir de quoi Interpol est capable sur scène… et ça tombe bien parce qu’Interpol viendra défendre El Pintor à l’Olympia en janvier 2015 !
Chronique : Stéphane Toutlouyan