Interview de Neal Morse (The Neal Morse Band)
A peine disponible dans les bacs, The Similitude of a Dream, le nouvel album de Neal Morse, est déjà dans les starting blocks pour devenir « album de l’année » dans le genre rock progressif. Neal Morse s’est surpassé une nouvelle fois pour nous offrir un album concept réparti sur deux galettes. Nous avons pu nous entretenir avec l’artiste pour parler de la genèse de cette œuvre qui marquera à jamais la carrière de Neal Morse.
Ton nouvel album vient tout juste de paraître. Comment te sens-tu ?
Neal Morse : Je me sens très bien ! C’est fabuleux de voir quel accueil lui est réservé. Je vis une période incroyable de ma vie.
Tu n’en es pas à ton premier coup d’essai avec la sortie d’un album concept. De quelle manière cela impacte-t-il la composition de la musique et l’écriture des paroles ?
Neal Morse : Tant pour l’un que pour l’autre, il est intéressant d’y travailler en se basant sur une histoire. Le fait de se reposer sur un ouvrage guide et inspire l’écriture des paroles et de la musique. J’aime citer en exemple le moment dans l’histoire où le personnage combat un monstre en traversant la vallée de l’humiliation. Cela m’a donné l’idée d’un thème inspiré de Dark Vador (NDLR : Neal Morse chante l’air). On retrouve cet air dans l’introduction, ainsi que dans le solo joué sur City Of Destruction, si je ne me trompe pas.
L’écho dans la voix que l’on peut entendre sur le titre The Dream me fait penser à The Wall. A quel point cet album concept t’a-t-il influencé ?
Neal Morse : Pas tant que cela. A l’inverse, j’ai beaucoup été influencé par Tommy et Quadrophenia de The Who, The Lamb Lies Down On Broadway de Genesis ainsi que Jesus Christ Superstar. Sans oublier Thick As A Brick(Jethro Tull) !
Il s’agit du deuxième album sous le nom de The Neal Morse Band avec un line-up stable. En quoi est-ce différent des albums parus sous le nom de Neal Morse ?
Neal Morse : Le mot « groupe » prend toute sa dimension sur cet album. L’approche est tout-à-fait différente d’un album comme Testimony (2003), mon premier album concept après avoir quitté Spock’s Beard, sur lequel j’ai tout enregistré par mes propres soins. Sur One (2004) Mike Portnoy (batterie) et Randy George (basse) m’ont donné un petit coup de pouce sur les arrangements et les paroles. The Similitude Of A Dream est un vrai album de groupe sur lequel chacun a contribué à l’écriture des titres.
Tous les membres ont participé à la genèse de l’album. Je peux imaginer que c’est assez nouveau pour certains d’entre eux…
Neal Morse : Oui, absolument. Ça a été une expérience différente pour la plupart des membres. Je ne suis pas sûr qu’ils aient assisté à des sessions de composition aussi courtes. Je pense notamment à Bill Hubauer (claviers) qui m’a dit qu’il lui fallait plus de temps (rires).
L’album repose sur le livre “Le Voyage du pèlerin”, un grand classique de la littérature anglaise. Peux-tu nous en dire plus?
Neal Morse : C’est un ouvrage religieux écrit au 17ème siècle. J’ai en ma possession une version agrémentée de vers issus de la Bible. L’auteur l’a écrit en prison car il était en guerre avec l’Eglise. C’est un livre très intéressant sur les quêtes spirituelles.
L’album ne repose que sur les quatre-vingt premières pages de l’ouvrage. As-tu prévu de sortir une suite ?
Neal Morse : On va déjà promouvoir celui-ci. On verra bien ce que l’avenir nous réserve. A l’heure actuelle, je n’en suis pas sûr en tout cas.
A quel moment as-tu décidé d’en faire un double album ?
Neal Morse : Cela s’est imposé à nous naturellement. Sauf que Mike (Portnoy) ne voulait en aucun cas d’un double album concept, car ses ex-acolytes Dream Theater venaient d’en sortir un avec The Astonishing. Il était exclu pour lui de faire de même afin d’éviter d’éventuelles comparaisons. Il s’inquiétait aussi du fait que l’album comporte des longueurs. Mike s’y est donc formellement opposé au départ. Nous avons été en désaccord et ça été très tendu entre nous un certain temps. Il a fini par accepter, heureusement !
Je suppose que tu as du répondre à cette question de nombreuses fois ces jours-ci. Selon Mike Portnoy, il s’agit du meilleur disque de votre carrière. Comment réagis-tu face à ce type de déclaration ?
Neal Morse : Ce qu’il dit est assez incroyable. Je pense en effet que l’album fait partie des meilleurs albums que nous ayons publié, même si je ne l’aime peut-être pas autant que lui (rires).
Ou positionnes-tu The Similitude Of A Dream au sein de ta discographie ?
Neal Morse : Je n’aime pas trop comparer les albums les uns aux autres, car je les considère tous comme mes enfants. Ils sont tous uniques dans leur genre. J’aime beaucoup les éléments jazz sur l’album. Je préfère laisser faire le temps et voir comment l’album sera jugé dans quelques années.
Le morceau The Ways of A Foolest l’un des moments forts sur l’album…
Neal Morse : J’aime également beaucoup ce morceau. La majorité du morceau a été écrit par Bill (Hubauer). Nous l’avons réarrangé ensemble pour l’album. Il devait figurer sur The Grand Experiment à l’origine et avait des paroles différentes à l’époque.
La majorité des albums concepts ont droit à un traitement tout particulier en ce qui concerne la pochette et les illustrations. Qu’en est-il sur celui-ci ?
Neal Morse : Randy (George) a pris cela très à cœur. L’idée de faire appel à Paul Whitehead lui revient d’ailleurs. Cet artiste a travaillé avec Genesis à leurs débuts. Nous étions conscients du fait que tout ce qui touchait à cet album devait être très spécial .Le résultat est d’ailleurs assez fascinant.
C’est peut-être un peu tôt, mais que peux-tu me dire au sujet de la tournée qui aura lieu en 2017 ?
Neal Morse : Nous planifions actuellement cette tournée. Mais je peux déjà t’annoncer que nous jouerons l’album dans son intégralité. Quand cela sera possible, nous nous servirons d’écrans pour diffuser des images durant le concert.
Je peux imaginer qu’il s’agira d’un vrai challenge pour le groupe que de jouer l’œuvre dans son intégralité sur scène.
Neal Morse : Oui, absolument ! Mais c’est ce pourquoi nous faisons ce métier ! Nous avons hâte d’être sur les routes pour défendre l’album.
Quels sont les trois albums dans ta discographie que tu conseillerais à quelqu’un qui ne connait pas ton œuvre ?
Neal Morse : C’est une question très difficile…. (Neal réfléchit un long moment). Je choisirais The Similitude Of A Dream, The One et The Whirlwind (Transatlantic).
J’ai pu lire dans un magazine de rock récemment que tu n’avais pas fini ton parcours scolaire en étant convaincu que tu ferais carrière dans la musique. Est-ce vrai ?
Neal Morse : Oui, c’est juste. C’était une évidence pour moi. Je n’ai donc passé qu’un semestre avant de décider de quitter le lycée pour me consacrer entièrement à la musique.
En allant sur YouTube, je suis tombé sur le clip de Since I Let YouGo paru en 1985. J’ai découvert une facette différente de toi. T’en souviens-tu ?
Neal Morse : Oui, le clip a été tourné dans le garage d’un pote. J’étais dans ma période de pianiste-chanteur. Les paroles font référence à une rupture dont je sortais tout juste. Je suis content que tu l’apprécie.
Propos recueillis par Thorsten Wollek