Interview : Steven Wilson 1 comment

Encore méconnu du grand public, Steven Wilson s’est constitué un public fidèle et admiratif après avoir dissous son groupe Porcupine Tree pour se lancer sans une carrière solo. L’artiste vient de publier To The Bone, son quatrième album. Comme cela fût déjà le cas sur son précédent album Hand. Cannot. Erase, Steven Wilson se réinvente musicalement avec un album plus accessible aux sonorités pop. A quelques heures de l’enregistrement de l’émission Taratata, nous l’avons interrogé sur ce choix à l’occasion de notre troisième interview.

Au moment de la sortie de Hand. Cannot. Erase, tu te montrais préoccupé au sujet de la réaction du public. Qu’en est-il avec le recul ?

Steven Wilson : L’album a rencontré un immense succès. Je suis toujours inquiet à l’idée que le public ne me suive pas dans mes choix artistiques. Si tu suis ma carrière de plus près, tu remarqueras que je me renouvelle musicalement à chaque album. D’une certaine manière, chacun d’eux ouvre une nouvelle ère. Le public m’a fort heureusement soutenu pour Hand. Cannot. Erase. Mes fans attendent d’autant plus de ma part que je les emmène dans un nouvel univers avec To The Bone. Au final je n’ai pas à m’en faire, car le public m’a toujours donné raison.

En effet, tu nous surprends une nouvelle fois ! Le style musical est beaucoup plus direct que sur tes précédents albums. Pourquoi ce choix ?

Steven Wilson : Comme je le disais à l’instant, j’essaie d’innover sur chacun de mes albums. Je ne vois pas l’intérêt de me répéter sur chaque album. Au moment d’attaquer l’écriture, je me demande de quelle manière je vais pouvoir me challenger moi, et mes fans. Les deux précédents albums étaient des œuvres plus conceptuelles avec de longs passages instrumentaux. Aussi, je suis un grand fan de bonnes mélodies. Ainsi, j’ai souhaité concentrer davantage mon écriture sur des mélodies accrocheuses cette fois-ci.

Tes projets de remasterisation de certains albums cultes des années 1970-1980 ont-ils influencé l’écriture de ce nouvel album ?

Steven Wilson : Inévitablement, même si je ne saurais pas te dire à quel point. Tout ce que tu entreprends musicalement en dehors de tes albums solo influe sur ta propre musique. Quand tu passes des semaines entières à décortiquer un album de Tears For Fears, cela t’imprègne. A l’époque de The Raven That Refused To Sing, je remasterisais des albums de King Crimson et de Jethro Tull. Cela s’entend clairement à l’écoute de l’album. Mon travail sur les albums de Simple Minds, Tears For Fears ou encore XTC a donc marqué de son empreinte l’écriture pour To The Bone.

L’album To The Bone est plus accessible que tes précédentes œuvres. Vois-tu cela comme un moyen de convaincre un public plus large ?

Steven Wilson : Je ne définirais pas ma musique comme étant complexe ou difficile d’accès. Mais je te l’accorde, To The Bone est plus facile d’accès que The Raven That Refused To Sing. Certains titres sont de style très pop, notamment Permanenting. Je pense que tout un chacun apprécie un bon morceau de pop du style de ce qu’ont fait Abba, les Beatles ou encore les Beach Boys. Pour moi, l’important est de créer une porte d’entrée à l’auditeur, afin de lui permettre de rentrer dans ton univers. Je ne l’ai jamais autant fait que sur cet album.

Perfect Life, mon titre préféré issu de Hand. Cannot. Erase, aurait tout aussi bien sa place sur ton nouvel album. Ce titre semble relier les deux albums. Es-tu d’accord avec cela ?

Steven Wilson : Tu as tout à fait raison. C’est d’ailleurs le dernier titre que j’ai écrit pour cet album. Il indiquait clairement la direction dans laquelle je souhaitais évoluer après. C’est également mon morceau préféré sur Hand. Cannot. Erase.

Je vois Pariah sur To The Bone comme son morceau jumeau …

Steven Wilson : Oui, c’est très juste. Cela s’explique peut-être par le fait que c’est l’un des premiers morceaux écrits pour To The Bone.

Lors de notre dernière interview, tu expliquais que l’album Hand. Cannot. Erase reflétait ta vision du monde actuel. Est-ce également le cas sur To The Bone ?

Steven Wilson : Oui, ça l’est autant sur To The Bone. A la différence que je décris ma vision du monde au travers du regard d’une personne sur Hand. Cannot. Erase. Sur mon nouvel album, les thématiques couvrent un champ plus large : le terrorisme, la politique et le problème autour des réfugiés. L’album est moins personnel dans son approche.

Les sujets abordés sont plutôt pessimistes. A l’inverse, la musique a des tonalités plutôt positives. Comment arrives-tu à garder cet équilibre ?

Steven Wilson : Je ressens beaucoup de mélancolie et de colère au vu de ce qui se passe dans le monde. Ce que tu entends sur le disque reflète tant la misère et la bêtise que j’observe, mais intègre également la vie qui est un cadeau formidable ! Notre planète est un endroit sublime. Tout cela trouve son chemin dans ma musique.

 

Un autre morceau dont j’aimerais parler est Refuge. Les parties de batterie et la montée en puissance sur ce morceau sont magnifiques. Comment ce morceau a-t-il vu le jour ?

Steven Wilson : Le morceau est très simple dans sa construction. Il comporte seulement trois accords. Du coup, tout se joue au niveau de l’ambiance. J’ai créé plusieurs couches sonores pour arriver à ce résultat. J’aime beaucoup travailler sur ce type de morceau, car c’est le travail effectué sur la production et le mixage qui crée la dynamique. Le titre Perfect Life est similaire dans son approche.

Que peux-tu nous dire au sujet de la signification du titre de l’album (To The Bone se traduit par « jusqu’à l’os » ) ?

Steven Wilson : Pour revenir à ce qu’on disait tout à l’heure, cet album se concentre plus que jamais sur l’écriture des morceaux. Je dirais donc que l’album reflète bien ce que je représente en tant que compositeur, plus que sur aucun de mes précédents albums. L’album se concentre autour de ce qui est essentiel pour moi : l’écriture et l’interprétation des chansons. Aussi, l’album est une sorte de plaidoyer pour la réalité. Les gens n’arrivent plus très bien à discerner le vrai du faux avec cette ère de l’Internet et des réseaux sociaux. L’album a donc pour objectif de revenir à ce qui est important dans la vie.

Ton public semble très ouvert musicalement. Jusqu’où te suivrait-il selon toi ?

Steven Wilson : Je ne pense pas qu’un disque de hip-hop ou de R&B leur fasse plaisir (rires). Il y a toujours une partie de mon public qui se démontre déçu par ce que je fais. Mais je vois cela comme un signe positif, car il est important de challenger les attentes du public en me réinventant musicalement. Je les y ai habitués avec le temps. Tant que je reste dans l’univers rock, je ne pense pas pouvoir décevoir mes fans les plus fidèles. Et puis je gagne de nouveaux fans à chaque album !

Si te produis à l’Olympia en février 2018. Que peux-tu nous divulguer à ce stade ?

Steven Wilson : Hormis mon guitariste, les musiciens qui m’accompagnent sont les mêmes sur la précédente tournée. Dave Kilminster part en tournée avec Roger Waters l’année prochaine. Il sera remplacé par Alex Hutchings, un guitariste encore méconnu. En ce qui concerne le show, ce sera visuellement encore plus intense qu’auparavant.

Je suis curieux au sujet au sujet de la setlist sur cette tournée. Comment trouver l’équilibre entre les chansons tirées de To The Bone et les morceaux plus complexes de tes trois précédents albums ?

Steven Wilson : Evidemment qu’une grande partie des titres sera issu de To The Bone. Concernant les autres albums, j’essaye d’en sélectionner les morceaux qui résonnent le mieux avec le contenu et l’approche musicale sur To The Bone. A titre d’exemple, je ne jouerais que le morceau titre de The Raven That Refused To Sing, car c’est un excellent titre. Ancestral et Perfect Life issus de l’album Hand. Cannot. Erase auront bien évidemment leur place dans la setlist. Je pense même jouer quelques morceaux de Porcupine Tree qui sont en phase avec le concept. Mais je n’en suis qu’au stade des idées.

Pour finir, quelle est ta relation avec la scène, sachant que tu passes beaucoup de temps en studio ? Que préfères-tu ?

Steven Wilson : Honnêtement, je préfère être en studio. J’ai appris à me produire sur scène, car ce n’est pas quelque chose d’inné chez moi. Je n’ai jamais été tout à fait à l’aise avec le fait de me produire sur scène. Ce n’est pas quelque chose de naturel que de se produire devant plusieurs milliers de personnes qui te fixent du regard. Ce n’est pas un hasard si j’ai autant d’effets visuels autour de moi permettant d’attirer le regard ailleurs que sur moi ! Le studio reste mon habitat naturel.

Propos recueillis par Thorsten Wollek

 

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