La décision de reprendre le chemin des concerts n’a pas été évidente à prendre, un peu plus de 2 semaines après le drame du Bataclan… Ce sera donc les suédois de Refused, dans la superbe salle du Trianon, dont les balcons sont condamnés pour la soirée.
Les contrôles à l’entrée sont renforcés, l’ambiance est lourde, les spectateurs se jettent des regards entendus… « on va pas se laisser abattre, on va continuer à aller voir des groupes live, envers et contre tout »…
X Syndicate, groupe parisien qui vient de sortir son troisième album Dead Or Alive, démarre son set pied au plancher : 4 filles en veste et cravate sur le front de la scène + 1 batteur qui donne le tempo ! Les morceaux sont agréables, efficaces et le groupe recueille un joli succès d’estime.
Refused démarre son set par Elektra. La trajectoire du quintet suédois mérite qu’on s’y attarde. En effet, élément incontournable de la scène punk-harcore scandinave des années 90, ils ont frappé les esprits avec leur 3ème album The Shape Of Punk To Come, sorti en 1998. Dans la foulée de la sortie de cet album, considéré comme un jalon essentiel (a masterpiece ?) de ce courant… Refused se sépare. Ils se reforment en 2012 et accompagnent cet automne la sortie de leur nouvel album Freedom.
Le chanteur Dennis Lyxzén, étonnant mix de Julian Casablancas, Iggy Pop et… David Guetta (?), prend place au milieu de la scène et s’impose immédiatement comme le point d’attention et le fer de lance du groupe en live. Le guitariste au look Movember balance les riffs compacts des chansons The Shape Of Punk To Come et The Refused Party Program à l’aide de sa SG blanche ; les 2 guitaristes de Refused enchainent sur The Deadly Rythm et y glissent quelques mesures de Reign In Blood de Slayer… Refused entame Françafrique.
Le chanteur rappelle les prises de position politiques et la ligne de conduite révolutionnaire du groupe avant d’entonner Coup d’Etat et poursuivre la chanson au milieu de la fosse. Les titres s’appuient sur des rythmes rapides, de nombreux breaks et des riffs entêtants. Je découvre que le jet de bière semble être devenu un sport national tandis qu’on aperçoit des fans portés à bout de bras au-dessus de la foule de manière un peu gauche et hasardeuse. Servants Of Death dévoile un rythme funky, ponctué par les « Hou-Ha » repris par le public. Le chanteur esquisse des petits pas de danse chamanique sur les passages plus psychédéliques de certains morceaux.
Le groupe fait monter la pression avec son avant dernière chanson, Summerholidays vs. Punkroutine et son refrain au riff implacable. Refused revient sur scène pour le premier morceau du rappel : c’est New Noise, aussi indispensable et dévastateur que Killing In The Name de Rage Against The Machine. La fosse se transforme en un magma de spectateurs en folie.
Le concert se termine par Tannhaüser / Dérivè, extrait de l’album The Shape Of Punk To Come, dans un déluge sonore assourdissant. Ne serait-ce que pour redécouvrir un morceau de la puissance de New Noise, ça valait le coup de se déplacer !
Chronique : Stéphane Toutlouyan – Photos : Stéphane Burlot