Interview Eric Martelat (Messaline)
Il est des groupes qui vous marquent par leur originalité. C’est le cas du groupe Messaline qui a sorti récemment son nouvel opus Eviscérer les Dieux. En découvrant ce groupe au cours de nos recherches, nous étions impatients de rencontrer Eric Martelat (chant et paroles), le sympathique leader du groupe. Rendez-vous donné sur les Grands Boulevards au hard-Rock Café, durant l’une des rares journées ensoleillées. Déjà entendu parler de hard-rock à textes ? Alors venez découvrir !
Rock’nConcert : Comment est né le groupe Messaline ?
Eric Martelat : Messaline est né sur les cendres d’un groupe qui s’appelait Absurd. On jouait du rock progressif à cette époque-là. Nous avions même joué en première partie de Ange et de Porcupine Tree en 2003. Le groupe s’est dissout car nous n’étions pas tous sur la même longueur d’ondes musicalement. Nous souhaitions partir sur des choses plus hard, ce qui ne convenait pas à tous. J’ai créé Messaline dans la foulée avec Mickaël Colignon (guitare) et JC Zurun (basse). Ils ont finalement quitté Messaline en 2010. Rapidement rejoints par John Bailly (batterie) et Jaimé Gonzalez (basse), on a commencé à bosser ensemble en 2011. Le temps de composer notre nouvel album, on a fait nos premiers concerts quelques mois après.
Rock’nConcert : Expliques-nous pourquoi Messaline met autant de temps à sortir un nouvel album.
Eric Martelat : Il y a effectivement eu une pause de quatre ans entre les deux derniers albums. Cela vient du fait que nous ne faisons pas de tournée ni n’enchainons les dates de concerts les unes après les autres. On joue au compte-gouttes. Au final, tu défends un album pratiquement pendant deux ans. Il y a aussi eu le changement de line-up en 2010 qui nous a freinés. Le temps de s’atteler aux nouvelles compositions, le temps est passé très vite. Pour le prochain album on mettra moins de temps car on a déjà deux nouveaux morceaux. On est en pleine répétition pour la suite.
Rock’nConcert : Qu’en est-il d’un album live ?
Eric Martelat : Oui, c’est tout à fait possible, car nous avons de bons enregistrements de l’un de nos derniers concerts. Ça serait une bonne idée de sortir un live pour faire patienter le temps de sortir un prochain album.
Rock’nConcert : En écoutant Eviscérer les Dieux, j’ai l’impression d’être face à un concept album. Ai-je vu juste ?
Eric Martelat : Oui, l’album concept est presque là car le fil conducteur est le sujet de la femme. Il en est question dans presque toutes les chansons, il y a notamment Lilith Requiem et La Pire Pirate. Et puis elle est représentée sur la pochette. Donc il y a ce fil directeur, sans pour autant raconter une seule histoire. Le premier titre parle de pirates, et on s’est dit qu’on ferait bien un album un jour racontant l’Île au Trésor.
Rock’nConcert : Comment définirais-tu la musique de Messaline ? Je la définirais bien comme du hard-rock à textes, en espérant être le premier à le dire, ce qui est moins sûr (rires).
Eric Martelat : C’est la meilleure définition que l’on puisse avoir de Messaline. Ce n’est pas du metal non plus et puis il y a quelques influences folk également. J’essaie d’écrire des textes drôles et intelligents à la fois. Il n’y a pour l’instant que Messaline dans ce type de style.
Rock’nConcert : Est-ce une démarche volontaire ?
Eric Martelat : Oui et non. On n’a pas envie de faire du sous-Trust. En même temps, on ne s’est pas dit que nous voulions faire quelque chose de totalement nouveau car tout a déjà été plus ou moins fait dans le passé. Sur une suite d’accords, tu trouveras toujours des titres reprenant les mêmes. Du coup on met notre touche personnelle sur les textes.
Rock’nConcert : Où vas-tu puiser tes sujets de textes ?
Eric Martelat : Je lis énormément, que ce soit des bouquins mais aussi l’actualité au travers des quotidiens politiques. J’aime également beaucoup regarder les reportages sur Arte et me renseigner sur des personnages historiques. J’ai cherché des personnages dont on n’a pas trop parlé, car Jack L’éventreur devient un peu cliché. Le plus dure pour écrire c’est de trouver l’idée de départ. Les mots me viennent facilement après. Je n’ai pas envie de décrire ce que j’ai dans mon frigo comme le feraient certains, comme notamment Bénabar (rires).
Rock’nConcert : Penses-tu que Messaline soit apprécié à sa juste valeur aujourd’hui ?
Eric Martelat : Beaucoup de choses sont encore à créer. Messaline se développe avec le temps. En tant qu’amateur de bons vins, je comparerais bien Messaline avec du vin qu’il faut laisser vieillir. Beaucoup viennent nous voir en disant avoir découvert Messaline avec le nouvel album alors qu’on on est déjà au troisième. Cela me donne beaucoup d’espoir. Tout se fera dans le temps. Mais je pense qu’on mérite à être plus reconnu car Messaline est différent des autres groupes. On prône la différence dans les médias, mais finalement on se fait taper sur les doigts quand on la met en pratique. C’est un peu le serpent qui se mord la queue.
Rock’nConcert : On a regardé votre premier clip. Il est quand même un peu effrayant.
Eric Martelat : (Rires). On a choisi un côté gotique en noir et blanc. Je me suis inspiré du cinéma allemand des années 30. Là aussi on a essayé de brouiller les pistes et ne pas aller là où on nous attendait.
Rock’nConcert : Raconte-nous la rencontre avec Christian Décamps de Ange.
Eric Martelat : J’étais fan de Ange étant jeune. J’ai réalisé un rêve de gamin en le rencontrant un jour. Il m’a même filé son adresse mail perso. Je l’ai revu à plusieurs reprises et une amitié s’est nouée entre nous avec le temps. Je ne suis plus fan de Ange aujourd’hui mais j’apprécie toujours autant leur musique. On a donc enregistré un duo sur le titre Sale Temps. On s’est retrouvé dans le même studio. Ce qui est magique c’est que le côté amical transparait vraiment dans cette chanson. Etant épicuriens tous les deux, on est resté trois jours ensemble à manger et boire du bon vin (rires).
Rock’nConcert : J’ai été étonné d’apprendre que Messaline avait été chroniqué dans le magazine people Voici !
Eric Martelat : En fait un pote journaliste, Henri Dumatray, a travaillé au sein des magazines rock Hard Force et Rock Style comme Rédacteur en chef adjoint notamment, avant de partir rejoindre Voici en tant que chroniqueur. Il m’a donc proposé de parler de Messaline si on sortait un disque. Il a donc chroniqué le premier album de Messaline en 2005. Il va essayer de faire pareil pour ce nouvel album. C’est un beau mélange des genres.
Rock’nConcert : Merci pour cet entretien.