Interview Mike Tramp
Plus connu en tant que leader du groupe White Lion, Mike Tramp vient de sortir un nouvel album solo de type acoustique et très personnel. Il rend hommage à ses premiers amours musicaux sur cet album pour le moins intimiste. Nous l’avons rencontré en plein centre de Paris pour remonter le temps. Il revient le 1er juin au Forum de Vauréal dans la région parisienne pour donner un concert dans le cadre de sa tournée acoustique.
Rock’N Concert : Raconte-nous la genèse de Cobblestone Street.
Mike Tramp : Je n’avais même pas prévu d’enregistrer un nouvel album. J’ai appelé mon coproducteur Soren Andersen, qui a son propre studio d’enregistrement, pour lui dire que j’avais quelques chansons que je souhaitais enregistrer. Je n’aime pas faire de démos chez moi et préfère donc directement me rendre en studio pour l’enregistrement. Quand on a commencé à enregistrer, il m’a demandé d’arrêter là et de laisser les chansons dans l’état brut. Quatre jours plus tard j’ai enregistré les chansons dans le même ordre d’apparition que sur le CD. L’album reflète donc l’état d’esprit dans lequel je me trouvais en studio.
R’N C : Après ton passé dans le rock, cela a quand même dû surprendre que tu sortes un album folk et aussi personnel.
Mike Tramp : Tout ce que je peux dire c’est que ces chansons représentent ce avec quoi j’ai grandi. Alors cet album n’est pas un retour réel à mes sources musicales, car je n’étais qu’un enfant. Il faut savoir que toutes les chansons que j’ai pu écrire jusqu’à ce jour ont été écrites de la même façon que celles sur Cobblestone Street. Pour cet album, nous avons stoppé le processus au moment où le groupe prend normalement la relève. Je compose mes chansons sur ma guitare acoustique assis dans mon fauteuil. Toutes les chansons naissent de cette même manière. Le côté acoustique provient probablement de mon vécu dans les camps de vacances étant gamin. Je pense qu’une chanson qui peut être chantée avec une simple guitare acoustique a de réels atouts.
R’N C : Quelles sont les influences musicales sur Cobblestone Street ?
Mike Tramp : En composant Cobblestone Street, mon passé est remonté à la surface. Mon prof de musique m’a baigné dans la musique de Bob Dylan très jeune. La musique que j’ai pu faire pendant 20 ans n’a rien à voir avec cette musique-là. Mais il a bâti les fondations. Ma mère et mon frère ainé écoutaient les albums de Bob Dylan et de Neil Young.
R’N C : D’où vient le nom de Cobblestone Street ?
Mike Tramp : Il ne s’agit pas d’une rue en particulier. J’ai grandi à Copenhague où les rues étaient pavées avant. Il s’agit en fait d’une métaphore pour décrire le lieu, l’environnement d’ou chacun de nous vient. Quand je reviens à Copenhague, je ne reconnais plus les lieux où j’ai grandi. Je fais également référence au style de classic rock qui m’a énormément inspiré. C’est le monde auquel j’appartiens et je ne souhaite pas faire partie du futur.
R’N C : S’agit-il d’un album autobiographique ?
Mike Tramp : Oui, les paroles des chansons parlent de moi. Sur mes albums solos, il ne s’agit. Les chansons traitent donc de mes frustrations, de mes pensées et de ce que je peux ressentir. Tout sur l’album est à 100% honnête et vrai. Quand j’écoute ces dix chansons, je vois ma vie défiler.
R’N C : Y a t-il un rapport avec le fait que tu aies 50 ans maintenant ?
Mike Tramp : Oui, c’est certain. Je n’aurais pas pu écrire ces chansons si je n’avais pas vécu la vie que j’ai eue. Tu ne peux pas chanter sur des choses que tu n’as pas vécues. Musicalement, après tout ce que j’ai fais, je suis revenu à mes débuts en me disant que c’est finalement ça que je voulais. Je considère cet album comme le plus simple. Je suis revenu à la simplicité. Je devais passer par toutes ces étapes pour m’en rendre compte.
R’N C : Tu es une sorte de storyteller sur ta nouvelle tournée. Cette définition te convient-elle ?
Mike Tramp : Oui et non à la fois. Quand je passe en première partie d’un artiste et que je n’ai que 30 minutes sur scène, je n’ai pas le temps de raconter des histoires. Cela arrive de manière très spontanée et je ne prévois pas. Il m’arrive de faire concerts de 3h30 et de jouer jusqu’à quarante chansons en fonction de l’ambiance et de mon humeur. Certains spectateurs suivent ma carrière depuis quarante ans. J’ai donc envie de leur livrer quelques secrets. Chaque soir la setlist est différente car cela ne dépend que de moi étant donné que je suis seul sur scène. Le fait de ne pas être dans la routine me permet de vraiment prendre plaisir sur scène.
R’N C : Tu es fan de Thin Lizzy.
Mike Tramp se met à rigoler et me montre son tatouage de Phil Lynott, le chanteur de Thin Lizzy décédé en 1986.
Mike Tramp : J’en ai également un autre. (Il me montre également celui de Bob Dylan).
R’N C : Qu’avait Thin Lizzy de si spécial à tes yeux ?
Mike Tramp : Tous les fans te répondront la même chose, c’était Phil Lynott. C’était plus qu’un compositeur. Si tu écoutes des morceaux comme Wild One et Romeo and The Lonely Girl, il pourrait s’agir de chansons de Bruce Springsteen ! Il était également un très grand bassiste. Peu de gens ont compris ces particularités qui font de Phil Lynott quelqu’un d’unique.
R’N C : Que penses-tu des reformations de Thin Lizzy ces dernières années ?
Mike Tramp : C’est purement un produit industriel. Tous les groupes font cela. Irais-tu voir The Jimi Hendrix Experience sans Jimi ?
R’N C : Il semble également que tu sois un grand fan de Queen.
Mike Tramp : Freddie Mercury est l’un de mes héros. Je suis allé à un concert de Queen au premier rang lors du Day Of The Races Tour en 1976. Freddie m’a donné une fleur, car il en distribuait au public. Je l’ai ramenée chez moi et l’ai mise dans un verre d’eau sur le rebord de ma fenêtre. Le verre est resté là jusqu’à ce qu’il n’y ait plus d’eau.
R’N C : Quels sont les albums qui t’ont marqué le plus ?
Mike Tramp : Queen II, Johnny The Fox de Thin Lizzy, Harvest de Neil Young et The River de Bruce Springsteen