Seasick Steve @ L’Alhambra, Paris, 18 Octobre 2013
Une vieille chaise abimée rehaussée de coussins miteux et éventrés. De vieux amplis poussiéreux. Un rack de guitares bricolé et rafistolé avec de la ferraille et du gros scotch. Une batterie défoncée (mais comment cette cymbale a-t-elle pu se retrouver dans cet état ?) et décorée au feutre. Une bouteille de vin déjà sérieusement entamée. Sommes-nous devant la scène d’un vieux bistrot à ranchmen du fin fond du Texas ?
Et bien non. Nous sommes à l’Alhambra, en plein cœur de Paris, attendant l’entrée en scène du bluesman septuagénaire Seasick Steve. Et c’est seul qu’il arrivera, affublé de sa traditionnelle barbe, casquette de routier et salopette, pour empoigner une première guitare et nous entonner sa sublime ballade Treasures. Malgré son âge avancé, le monsieur dégage une énergie incroyable et semble véritablement être très heureux de l’accueil particulièrement chaleureux que le public parisien lui réserve.
Après avoir été rejoint sur scène par son acolyte, le très touffu Dan Magnusson (batterie), les deux vieux potes entament une setlist sous forme de best-of (Started Out Of Nothing, Thunderbird, It’s A Long Long Way). Entre 2 morceaux, Steve nous présente ses instruments dégénérés, avec 1 à 6 cordes, fabriqués à partir de bouts de carcasse de voitures, de boîtes de conserve et autres capsules de soda (« It sounds like shit, but you know… It makes some noise anyway »). Multipliant les anecdotes sur sa longue vie de musicien ayant joué dans la rue contre quelques piécettes, il répond à toutes les nombreuses sollicitations de son public et fera même monter une jolie jeune fille sur scène pour lui chanter Walking Man en tête à tête.
L’atmosphère est vraiment communicative, et il est totalement impossible de rester de marbre devant le spectacle de ces 2 hobos aussi détendus et joueurs. C’est d’ailleurs sous une impressionnante ovation qu’ils quitteront la scène après 1h45 de concert, avant de revenir 30 secondes plus tard. Après leur 2ème sortie de scène, le public sera encore tellement bruyant que Steve se verra obligé de revenir, seul cette fois, pour une « dernière chanson et ensuite on va se coucher, hein ? ». 72 ans, 2h de concert à plein tube. La musique, ça conserve, paraît-il (et le vin aussi sûrement, la bouteille ayant été bue jusqu’à la dernière goutte).
Chronique et photos : Florian Denis (www.floriandenis.com)