Pete Doherty et ses Babyshambles ont hier soir investi la scène d’un Zénith loin d’être rempli. Après la sortie de leur nouvel album Sequel To The Prequel, le groupe rock britannique a joué plus d’1H30 leurs gros succès comme les nouveaux titres de ce dernier opus. La musique, les improvisations et la folie douce de l’ancien leader des Libertines ont-ils convaincu le public parisien ? Impressions mitigées.
Il fut un temps où Pete Doherty faisait salle comble, où les fans se massaient devant les portes ou les grilles des heures avant le concert ; un temps où le poète maudit arrivait avec plusieurs heures de retard… ou n’arrivait jamais ; un temps où le chaos régnait lors de ses représentations. Aujourd’hui, tout a changé. Doherty a beau résidé à Paris, les parisiens n’ont pas rempli la salle à 19H30, et même à 21H30, heure du début du concert. Il reste alors beaucoup trop de sièges inoccupés. Le bon point, c’est qu’il était présent et à l’heure. Le chaos des débuts ? Non, pas vraiment.
Une première partie énergique mais un brin gueularde avec les français de Hill Valley, qui ont pourtant plutôt bien chauffé le public déjà présent dans la salle. Musicalement, ce groupe rock a de beaux atouts et le chanteur énergique est parvenu à faire participer la fosse. Les cris trop perçants de celui-ci et le son cradingue de la salle ont rendu un brin désagréable le show. Dommage…
Lorsque les Babyshambles arrivent sur scène, avec en fond la pochette géante du dernier album Sequel To The Prequel, celui qu’on remarque, c’est bien sûr Pete dans son costume cravate, coiffé d’un chapeau, mais aussi le nouveau batteur au style plus moderne, Adam Falkner. Le concert se lance sans plus attendre avec trois premiers titres très lourds : Pipedown, Delivery et Nothing Comes For Nothing, trois titres piochés dans les trois différents albums. Les premiers rangs bougent, les tribunes sont timides. Muni d’une guitare, Pete « assure le show » en faisant n’importe quoi : s’agenouiller ou s’allonger sur scène, lancer des bouteilles dans le public, jeter sa guitare au roadie du coin et parler un français aussi incompréhensible que son anglais.
Si le personnage semble quelque peu éméché (doux euphémisme), il n’en reste pas moins l’excellent musicien que l’on a toujours connu, celui qui surprend et n’offre jamais deux fois le même concert. Morceaux arrangés à la bonne sauce électrique (Beg, Steal, Borrow et Killamangiro) ou à la sèche (What a Waster et UnBiloTitled), duo avec une certaine Céline, présence de deux danseuses « classiques » sur le single For Lovers et farandoles de différents styles musicaux (rock, jazzy, ska, reggae). Mention spéciale pour le titre I Wish qui doit encore en faire chanter plus d’un… Oh Oh Oh Ohoooooo !
Les autres membres de Babyshambles ont parfois bien du mal à le suivre, que ce soit lorsque Pete se met à entamer La Marseillaise en yaourt, à reprendre Les Copains d’Abord de Georges Brassens (avec tout le public en chœur) ou à placer un extrait de Twist and Shout des Beatles au beau milieu d’un morceau en cours. Il va même jusqu’à faire assoir la fosse sans raison. Déroutant, oui, mais tellement authentique sur Albion et puissant sur Fuck Forever qu’on oublie tout et qu’on s’affole.
C’est sur ce dernier morceau que la fosse toute entière entre en fusion, saute, pousse, slam comme au bon vieux temps… Le pic d’ambiance est monté d’un cran à certains endroits durant le concert, mais sans aller croissant. Le lancer de micro dans la foule et le salut des musiciens mettent fin à une prestation certes approximative, qui n’a clairement pas attiré les foules, mais tellement à l’image du personnage qu’est Doherty : bordélique et passionné.
Chronique : Romain Hemelka – Photos : Robert Gil (photoconcerts.com)