Interview : Arjen Lucassen (Ayreon) no comments

Fondateur du projet opéra-rock AYREON, l’auteur, compositeur et multi-instrumentaliste néerlandais Arjen Lucassen a accepté de nous parler longuement à l’occasion de la sortie de son nouvel album live Electric Castle Live and Other Tales. Ce dernier a été enregistré et filmé lors des concerts donnés à Tilburg en Hollande en septembre dernier pour célébrer le 20ème anniversaire du troisième album de AYREON Into The Electric Castle sorti en 1998. Les quatre représentations, à guichet fermé, ont attiré des fans venus du monde entier. Confiné chez lui en raison du Coronavirus, la situation actuelle ne change pas grand-chose pour Arjen puisqu’il nous révèle vivre reclus chez lui depuis de nombreuses années. En revanche, il ne chôme pas dans son home-studio et n’a pas manqué de nous livrer un scoop en fin d’interview !

Quel a été l’élément déclencheur pour le lancement du projet AYREON en 1995 ?

Arjen Lucassen : J’ai tourné de nombreuses années avec le groupe Vengance, depuis la fin des années 70 jusqu’au début des années 90. Or, la scène me terrifie. Je préfère travailler en studio. C’est pour cette raison que j’ai donné naissance à ce projet. Cela m’évite de devoir partir sur les routes, car il est impossible de reproduire ces œuvres sur scène.

Remontons quelques années en arrière, avec 1998, l’année de la sortie de Into The Electric Castle. Quel est le contexte qui précède la sortie de cet album ?

AJ : Mon premier album solo Pools of Sorrow, paru sous le nom Anthony en 1993 fut un échec commercial. Je me suis alors mis à travailler sur un opera-rock. J’ai grandi en écoutant Jesus Christ Superstar, The Wall (Pink Floyd) ou Tommy (The Who). Ayreon : The Final Experiment, comme le nom l’indique, devait être mon ultime œuvre. A ma plus grande surprise, l’album s’est bien vendu. J’ai alors sorti Actual Fantasy, un album d’un tout autre genre, car il n’intègre aucune trame narrative et pas d’invités de renom tel que sur Ayreon : The Final Experiment. Il compte seulement trois chanteurs et trois musiciens. Il s’est moins bien vendu. La maison de disques m’a alors laissé une dernière chance. Je me suis donc mis à travailler sur un projet qui surpasserait tout ce que j’avais fait jusque-là.

Comment décrirais-tu l’album Into The Electric Castle en un mot ?

AJ : Il s’agit d’un album authentique, dans le sens où tous les instruments ont réellement été joués. Mon précédent opus avait bénéficié de l’aide de mon ordinateur et de nombreux samples. Je n’avais tout simplement pas les moyens de me payer des musiciens en studio.

A quel moment as-tu décidé de donner vie en live à ce projet ?

AJ : J’ai refusé pendant 20 ans, jusqu’à ce que mon ancien agent artistique décide de produire The Human Equation dans son intégralité sur scène sous le nom de The Theater Equation. Je n’étais pas entièrement impliqué sur le projet. En revanche, cela m’a permis de constater que le public ainsi que les musiciens y prenaient plaisir. Mais j’ai surtout constaté que nous étions en mesure de monter ce type de spectacle sur scène. J’ai très heureusement eu l’appui de Joost van den Broek (claviers) qui s’est chargé des arrangements. Nous avons donné notre premier concert officiel en septembre 2017 sous le nom de Ayreon Universe. L’enthousiasme fut si grand que nous avons décidé de donner une suite deux ans plus tard.

Pour quelle(s) raison(s) avoir choisi Into The Electric Castle ?  

AJ : Le choix s’est assez naturellement imposé à nous. D’une part, j’ai réédité l’album pour fêter son 20ème anniversaire au même moment. L’album était donc vif dans nos esprits. D’autre part, c’est l’album favori de mes fans. Pour ne rien te cacher, c’est également l’un de ceux que je préfère. L’album marque un tournant dans mon parcours.

Contrairement à Ayreon Universe, où tu figurais parmi les musiciens sur scène, tu incarnes l’un des personnages dans Into The Electric Castle. Comment as-tu vécu cette expérience ?

AJ : C’était très différent cette fois-ci, car je n’ai pas pu assister au concert. J’étais en coulisses en attendant mon tour. Aussi, j’étais très nerveux, car je ne me considère pas comme un chanteur. Mais je ne me voyais pas attribuer ce rôle à quelqu’un d’autre. Mes fans auraient moyennement apprécié. J’ai dû surmonter ma peur de la scène. Mais je suis fier de l’avoir fait !

J’ai remarqué la présence de Ben Mathot (violoniste) sur le devant de la scène. Il influe particulièrement sur le son…

AJ : Je suis tombé sur l’un de ses albums il y a une dizaine d’années. Depuis, Ben est un membre à part entière d’AYREON. C’est un musiciens d’exception qui a l’oreille absolue.  Nous l’avons mis au-devant de la scène contrairement à Ayreon Universe, où il figurait encore parmi les invités. Sa présence nous a permis quelques adaptations à divers endroits que les fans apprécieront.

La guitare lead est jouée par le très talentueux Marcel Singor…

AJ : Il a son propre style. Il voulait respectueusement jouer les solos de la même manière que sur l’album. Je lui ai recommandé de les jouer à sa manière tout en restant proche des solos d’origine. Plus facile à dire qu’à faire (rires).

Avec les musiciens, avez-vous rencontré des difficultés à reproduire certains des titres sur scène ?

AJ : Nous avons démarré les répétitions six mois avant les concerts. Je suis fier de pouvoir dire que nous n’avons rencontré aucune difficulté. Ce sont d’excellents musiciens. Ed Warby (batterie) m’a littéralement coupé le souffle. Seul le personnage du hippie a rencontré quelques difficultés (rires).

Tu as tout de même réuni 6 des 8 chanteurs issus de la troupe d’origine sur scène…

AJ : Quand nous avons décidé de monter le spectacle, je souhaitais que la troupe d’origine puisse en faire partie. Nous ne l’aurions probablement pas fait si nous n’avions eu l’accord que de deux ou trois chanteurs. J’étais inquiet au sujet de Fish, car il est particulièrement occupé. Les seuls absents sont Sharon den Adel (Within Temptation), qui était en tournée à la même époque, et Jay van Feggelen, qui souffre également de la peur de monter sur scène. Ce dernier est remplacé par John Jaycee Cuijpers.

En effet, j’étais heureux de voir la participation de Fish, au style irremplaçable. Quels souvenirs gardes-tu de votre première rencontre en 1997 ?

AJ : J’avais tenté de rentrer en contact avec lui pendant six mois. Il a accepté de participer au projet et m’a fait venir dans son studio en Ecosse. Il est venu à ma rencontre à l’aéroport. Je m’en souviens comme si c’était hier. Fish est quelqu’un de très charismatique et sympathique. J’ai côtoyé de nombreux artistes de renom depuis. Mais c’était nouveau pour moi à cette époque. C’est l’un de mes premiers héros musicaux que j’ai rencontré en personne. Cette expérience m’a motivé à reproduire la même chose avec d’autres artistes de renom. Fish a marqué le début d’une longue liste de rencontres, plus belles les unes que les autres.

Quel a été son impact sur l’album et le succès qui s’en est suivi ?

AJ : Il est probable que l’album n’aurait pas eu autant de succès sans sa participation. Aussi, cela m’a permis d’être pris plus au sérieux et de toucher un plus large public.

Fish a fait un grand cadeau aux fans de Marillion en chantant Kayleigh qu’il a enregistré avec Marillion en 1985…

AJ : Nous n’avions que peu de temps ensemble dans son studio à l’époque de l’enregistrement en 1997. C’est la raison pour laquelle le personnage incarné par Fish disparait très tôt dans l’histoire. Je trouvais donc dommage qu’il ne chante que trois chansons durant le spectacle. La deuxième partie du show lui donnait l’occasion de revenir sur scène. Pourquoi alors ne pas interpréter son plus grand tube avec Marillion ! J’ai réussi à le convaincre au final, car il refusait de le rechanter. C’est un morceau qu’on reconnait dès les premières notes de guitare.

Robby Valentine fait une apparition surprise avec un solo de piano interprété avant The Mirror Maze

AJ : Je suis un grand fan de Robby, le musicien hollandais le plus talentueux selon moi. C’est un artiste très complet qui joue de plusieurs instruments. Je tenais à ce qu’il joue sur l’album à l’époque. Robby était très populaire au Japon avec son groupe Valentine. Nous avons loué un piano à queue blanc magnifique pour l’occasion. Il mérite plus de reconnaissance ! J’espère que sa participation au spectacle y contribuera.

Into The Electric Castle est suivi d’un deuxième set qui rassemble des titres issus de tes divers projets en dehors de Ayreon…

AJ : Into The Electric Castle dure approximativement 90 minutes. Je me voyais mal m’arrêter là alors que les fans venus de 64 pays se sont déplacés pour l’occasion, dont le Japon, l’Australie, l’Argentine, le Brésil ou encore la Russie. Alors, j’ai eu l’idée de balayer mes side-projets en jouant un morceau issu de chacun d’eux. J’ai favorisé les morceaux qui fonctionnent le mieux en live et non ceux que je préfère.

Tu es un grand fan de science-fiction, plus précisément de Star Trek. John de Lancie, connu pour avoir interprété le rôle de Q dans Star Trek, intervient comme narrateur…

AJ : Cette rencontre fait partie des points culminants de ma vie. Tout comme celle avec Rutger Hauer sur mon premier album en solo. Le film Blade Runner m’a fortement marqué. Les traits de caractéristiques de Q collent parfaitement à Forever (il intervient régulièrement à la narration en guise de fil conducteur pendant le spectacle). Son manager a dans un premier temps refusé, jusqu’à ce que John jette un coup d’œil sur le net pour découvrir mon univers. Il m’a proposé de discuter via Skype. J’étais particulièrement stressé (rires). Il a accepté sous condition qu’il puisse écrire ses propres textes. Il s’est montré très curieux sur le contenu des chansons et les traits de caractère du personnage qu’il allait incarner. Le résultat est pour le moins convaincant.

On a ainsi davantage l’impression d’assister à un musical qu’à un concert en tant que tel…

AJ : Oui, tout à fait. Ce choix n’est pas apprécié par tous les fans. Mais peu importe, je pense qu’il est important de donner quelques explications avant chaque titre.

Pour finir, tu sembles très proche de tes fans…

AJ : Je le fais de bon cœur. Aussi, j’en ai le temps étant donné que je ne donne pas de concerts. Il est donc vital pour moi d’être connectés à eux. La technologie actuelle le permet. J’ai besoin de leur retour et de ce qu’ils pensent de mon travail. Je passe plusieurs heures par jour pour répondre à leurs sollicitations. Il est probable que j’ai au moins une interaction avec chacun des 12 000 spectateurs (rires). Cela donne un esprit de très grande famille. Cela me motive et me donne l’énergie pour poursuivre mon travail !

Il est difficile de se projeter ces temps-ci. Que peux-tu, tout de même, nous dévoiler sur tes projets à venir ?

AJ : Nous avions prévu de nous produire au festival Night Of The Prog en Allemagne en juillet, mais cela va très probablement tomber à l’eau (l’annulation a été confirmée entre temps). Mais j’ai le plaisir de t’annoncer que j’ai fini l’enregistrement d’un projet sur lequel j’ai travaillé pendant trois ans. C’est un projet d’envergure dont je ne peux rien dévoiler à ce stade. Il paraîtra très probablement d’ici la fin de l’année si tout va bien.

Propos recueillis par Thorsten Wollek

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