Interview : Steve Hackett
Steve Hackett, icône vivante du rock progressif et guitariste légendaire de Genesis est de retour avec un nouvel album studio, At The Edge Of Light ! Un voyage musical aux nombreuses atmosphères et placé sous le signe de la diversité instrumentale. Nous avons eu l’honneur de nous entretenir avec l’artiste.
Steve, c’est un plaisir de pouvoir échanger avec toi pour la troisième fois.
Comment vas-tu ?
Steve Hackett : Je vais bien, merci. C’est une période plutôt dense en ce moment. Je répète actuellement avec mon groupe pour la tournée. Aussi, j’ai récemment participé à deux croisières sur le thème du rock progressif, Cruise to the Edge et On The Blue Cruise. Cette dernière rassemblait de grands noms du rock progressif, entre autres Justin Hayward (The Moody Blues), Alan Parsons et Gary Booker (Procol Harum). Nous avons eu de la chance de ne pas affronter de tempêtes, car celles-ci sont plutôt fréquentes à cette période. Il n’est facile de jouer sur scène quand le bateau tangue !
Ton nouvel album At The Edge Of Light vient de paraitre. Tu expérimentes une nouvelle fois avec des sonorités venues d’ailleurs. Peux-tu expliquer la raison pour laquelle tu les explores toujours ?
Steve Hackett : J’ai commencé à utiliser des instruments d’autres cultures en 1978, à l’époque de l’enregistrement de l’album Spectral Mornings. J’avais utilisé un koto, un instrument de musique à cordes pincées utilisé en musique japonaise traditionnelle. Tu peux donc déceler des influences japonaises et espagnoles dès cette période. Aussi, j’ai gagné de nouveaux amis musiciens aux quatre coins de la terre ces dernières années.
Tu sembles très fier de ce nouvel album.
Steve Hackett : Absolument ! Tout comme à l’époque de la sortie de Spectral Mornings, je suis très confiant au sujet de la qualité des morceaux et ne doute pas une seconde qu’ils satisferont les attentes du public. Il s’agit de ma meilleure entrée dans les classements des ventes d’albums depuis des décennies.
Il s’agit de ton 26ème album. Qu’est-ce qui te motives à sortir de nouveaux albums ?
Steve Hackett : J’essaye de combattre des idées politiques extrêmes. En collaborant avec des amis musiciens issus de cultures différentes, j’ai voulu montrer que la musique ne connaît pas de frontières. Ils viennent de pays aussi variés que l’Inde, l’Islande, i’Azerbaidjan, la Hongrie, la Suède, l’Angleterre… Et nous avons même surpassé le résultat escompté.
Les invités sont nombreux sur cet album. Qui sont-ils ?
Steve Hackett : Malik Mansurov, un musicien qui vient d’Azerbaidjan qui joue le tar. C’est lui que tu entends sur le premier titre de l’album. J’ai également invité Sheema Mukherjee, une joueuse de sitar indienne. Pour compléter le tout, j’ai également la chance d’avoir deux chanteuses américaines à mes côtés, Durga McBroom et Lorelei McBroom. Elles sont sœurs et ont chanté au sein de Pink Floyd. Elles ont insufflé l’esprit gospel sur le titre The Underground Railroad. Celui-ci traite de l’esclavagisme.
D’où vient l’inspiration pour ce morceau ?
Steve Hackett : Alors que j’étais à Bloomington en Alabama aux Etats-Unis il y a deux ans, on m’a parlé d’une femme appelée Harriet Tubman, une militante et ex-exclave qui a œuvré en faveur de l’abolition de l’esclavage. Elle a aidé un grand nombre d’esclaves à gagner en liberté grâce au « Chemin de fer clandestin » (« Underground Railroad » en anglais). Je me suis dit que cela ferait un très bon titre pour un morceau. Le livre de Colson Whitehead du même nom m’a également fortement inspiré. C’est un sujet intemporel, car nous faisons encore face à des préjudices raciaux. Beasts Of Our Time pointe également du doigt certains événements récents. C’est d’ailleurs mon titre préféré sur l’album. Je le jouerai très certainement sur scène.
Je ne me lasse pas d’écouter cet album. Comment expliques-tu cela ?
Steve Hackett : Il s’agit de mon album le plus puissant à ce jour. L’album n’inclus aucun morceau superflu. Je suis particulièrement fier du mélange de musique classique, folk et même folk-rock. J’ai essayé d’apporter des variations aux morceaux les plus longs.
Justement, le morceau Those Golden Wings est particulièrement dense musicalement. C’est à titre personnel mon titre préféré. Que peux-tu me dire à son sujet ?
Steve Hackett : Il s’agit d’une chanson d’amour que je dédie à ma femme. Le morceau est complexe et comprend plusieurs thèmes et genres musicaux. L’approche est plutôt progressive. J’essaye de surprendre l’auditeur, car tu ne te doutes pas de ce qui va suivre à la première écoute. Je suis content qu’il te plaise.
Pourquoi avoir décidé de jouer l’album Selling England By The Pound de Genesis dans son intégralité sur cette tournée ?
Steve Hackett : Il s’agit de mon album référé de Genesis. L’album avait retenu l’attention de John Lennon en 1973. C’était plutôt flatteur ! J’interprète également de nombreux titres issus de mon album solo Spectral Mornings. Cette année coïncide avec son 40èmeanniversaire. J’ai hâte aussi de jouer quelques extraits du nouvel album. Ces trois albums font partie de mes albums favoris.
Propos recueillis par Thorsten Wollek