Cicatrices de guerre no comments

walter trout_02

Interview de Walter Trout
Walter Trout est l’une des légendes vivantes du blues. Avant de démarrer une fructueuse carrière solo en 1990, Walter a accompagné des grands noms de la musique (Percy Mayfield, Deacon Jones, John Lee Hooker et Joe Tex) et rejoint John Mayall ou encore le  groupe Canned Heat en tant que membre à part entière au cours des années 80. Il vient de sortir un nouvel album, Battle Scars, qui parle du passage difficile auquel il a fait face. L’année dernière, Walter Trout a subi une greffe de fois l’année dernière. A deux doigts d’y laisser sa vie, il a été opéré avec succès grâce aux dons de ses fans. Nous avons été particulièrement émus d’être en sa présence le temps d’une interview.

Sachant ce par quoi tu es passé l’année dernière, il est assez étonnant de te voir en si grande forme aujourd’hui. Tu as été proche de dire adieu au blues, pour citer l’un de tes titres (Say Goodbye to the blues).

Walter Trout : Oui, c’est l’un de mes titres les plus connus que j’ai écrit en hommage à Stevie Ray Vaughan.

J’aimerais rapidement revenir sur les moments difficiles auxquels tu as dû faire face.
Walter Trout : La transplantation de mon foie a eu lieu le 26 mai 2013 et j’ai repris les tournées en juillet 2014, soit un peu plus d’un an après. Actuellement je suis en forme et j’ai de nouveau l’énergie pour jouer de la guitare. Avant cela, des choses étranges se sont passées. Il faut savoir je ne savais pas que mon foie était en mauvais état. Il m’arrivait, par exemple, d’avoir des problèmes d’équilibre sur scène. Ou d’avoir des moments de faiblesse en pleine rue. De même, j’avais des crampes dans mes mains et n’arrivait plus à les ouvrir. Je n’arrivais plus à tenir le médiator. C’était terrifiant car cela pouvait m’arriver devant un public de 10 000 personnes.

walter trout_05

Tu te doutais bien évidemment à ce moment-là que quelque chose n’allait pas.
Walter Trout : Bien sûr. Mais ne savais pas de quoi il s’agissait. Pendant une tournée en Allemagne, je me suis réveillé une nuit. En me regardant dans le miroir, j’ai découvert que mon ventre avait gonflé jusqu’à faire cinq fois sa taille. Aussi, mes jambes avaient gonflé jusqu’à faire la taille d’un éléphant. Immédiatement en rentrant chez moi je suis allé consulter un médecin. Il m’a informé que j’avais une maladie du foie et que mon estomac était rempli de liquide. Il m’en a enlevé seulement la moitié car autrement j’aurais été en état de choc m’a-t-il expliqué. Tiens-toi bien, il en a retiré 12 litres. J’y retournais toutes les semaines. De là, les choses n’ont fait que s’empirer.

Le titre de ton nouvel album est Battle Scars. Quelles sont ces cicatrices auxquelles tu fais référence ?
Walter Trout : Je me suis battu alors que je fus très proche de la mort. J’ai vécu une expérience de mort imminente. Il me restait peut-être trois jours à vivre. J’avais des troubles de cerveau, n’arrivant même plus à parler anglais ou reconnaître mes proches. J’ai survécu, mais j’en garde des cicatrices importantes, tant mentales, émotionnelles que physiques. Je te passe les détails, mais ma peau tombait en lambeaux. Tu peux le voir, ma peau a dû repousser à certains endroits. La maladie a laissé ses traces. Tu ne souhaites cela personne, même ton pire ennemi.

Battle Scars est un album bourré d’énergie, ce qui assez surprenant connaissant ton histoire. Sur le titre qui ouvre l’album, Almost Gone, on te sent littéralement revivre.
Walter Trout : C’est le cas ! Dans ce titre, je parle de ce dont je suis ressorti vivant. Pendant des années je me sentais fatigué, jusqu’à ne vouloir qu’une chose en descendant de scène après un concert : dormir.  Ces états de fatigues ont disparu. A l’instant où je te parle, je souffre un peu de jetlag, mais je suis plus en forme que je ne l’ai été ces dernières années. Aussi, je suis accompagné par un nouveau groupe qui est drivé par mon nouveau bassiste. Tu peux le constater à l’écoute de l’album et notamment au moment où le groupe entre en scène sur Almost Gone.

Ton bassiste Johnny Griparic a d’ailleurs un beau CV à son actif.
Walter Trout : Il a joué aux côtés de Slash pendant 12 ans. Il a accompagné, entre autres, Steve Winwood, Carole King ou encore Brandford Marsalis. Il sait tout jouer. Il m’a dit que de jouer dans mon groupe lui procurait le plus de plaisir. Je ne lui donne aucune directive, à l’inverse de ce qu’on fait d’autres artistes. Je pense que c’est la raison pour laquelle il s’éclate autant dans mon groupe. Tous les membres du groupe ont apporté leur lot d’énergie.

walter trout_01

Qui sont justement les autres membres du groupe ?
Walter Trout : Amy Avila au claviers et Michael Leasure à la batterie. Pendant la durée de ma maladie, ils ont accompagné d’autres artistes. Mais ils n’ont jamais cessé de me dire que si je sortais indemne de ma maladie, ils seraient de nouveau à mes côtés. Roger Daltrey (The Who) a même fait une offert à Johnny Griparic, qu’il a gentiment décliné pour rejoindre mon groupe.J’en suis très fier.

Mon titre préféré est Please Take Me Home. Il semble que celui-ci soit très spécial à tes yeux.
Walter Trout : Il s’agit d’un hommage à ma femme…. (très ému, Walter est obligé de s’arrêter de parler un instant). Elle m’a sauvé la vie en me donnant l’espoir et la force de me battre. Elle était à mes côtés alors que ne je ne la reconnaissais plus. J’étais content quand elle venait, alors que je ne savais pas qui elle était. Mais comme elle est très belle, ça ne me dérangeait pas (rires). Dans les pires moments, elle venait s’allonger à mes côtés ce qui pour moi à ce moment-là signifiait le fait de me sentir chez moi, d’où le titre de la chanson. Le solo est bourré d’émotion, car j’ai pensé à elle en le jouant. C’est l’un des seuls solos qui me fait pleurer quand je l’écoute seul.

Es-tu capable de le jouer sur scène ?
Walter Trout : Oui, bien sûr. Le solo à la fin du morceau est particulièrement long. Pour la petite histoire, nous pensions faire un fade out (baisse graduelle du son) sur une trentaine de secondes. Quand nous l’avons réécouté en studio, nous avons changé d’avis et préféré faire durer le solo le plus longtemps possible. C’est également le cas sur un autre titre de l’album, My Ship Came In.

Tu as fait ton retour sur la scène du Royal Albert Hall. Peux-tu rapidement revenir sur cette soirée ?
Walter Trout : Ma femme est venue sur scène pour dire quelques mots avant mon entrée sur scène. Ce fût un moment rempli d’émotions. Nous pensions que je ne rejouerais jamais. Nous en parlions beaucoup à une époque. Et nous en étions venus à la conclusion que je refasse ma vie professionnelle en tant que serveur au Starbuck’s ou vendeur de voitures. Comme tu peux le voir sur la vidéo, nous nous sommes enlacés et avons pleuré. J’ai eu droit à une standing ovation en sortant de scène. J’ai été submergé d’amour de la part du public. C’est un moment inoubliable pour moi.

Nous proposons à Walter Trout de lui montrer 3 pochettes d’albums tirés de sa carrière.  Nous lui montrons la pochette de son premier album solo sorotie en 1990, « Life In The Jungle« .

Walter Trout : Il s’agit de mon premier album. Ca été une étape importante de ma vie car j’ai démarré ma carrière solo à ce moment-là. J’avais 38 ans à cette époque. De nombreux artistes ont leurs belles heures derrière eux à cet âge-là et essayent de rester au top. Avant cela, j’avais été dans le groupe de John Mayall. J’ai voyagé dans le monde et dormi dans des hôtels de première classe. Pourquoi devrais-je donc quitter le groupe tenant compte de tous ces avantages ? Mais j’ai pris ce parti.

walter trout_04

Nous lui montrons la seconde pochette, l’album Chicago Line de John Mayall, sorti en 1988.
Walter Trout : Il s’agit de l’album Chicago Line de John Mayall sorti en 1988. Cet album existe en différentes versions. Là c’est la pochette originale. L’album a été enregistré en Allemagne dans le studio de Peter Maffay (un musicien allemand de renom). Peu de temps avant cela, en 1987, j’avais réussi à devenir parfaitement sobre (alcool et drogues). J’avais donc le plaisir d’enregistrer l’album dans un parfait état. L’album contient l’un de mes plus beaux solos dansOne Life to Live. Quand on me demande de jouer un morceau de la période avec John Mayall j’interprète ce titre.

Ayant vu John Mayall sur scène il y a un mois à L’Olympia, je n’arrive toujours pas à croire qu’il est âgé de 82 ans.
Walter Trout : Je vais te dire une chose. John n’est presque pas humain à mon sens. Il a l’énergie d’un jeune de 20 ans. Au moment où j’étais malade, je me suis rendu au Classic Rock Awards pour lui remettre un prix. Je me souviens qu’au moment de rentrer sur scène, il fallait monter un certain nombre de marches. John les a dévalé trois par trois.  Il m’a fallu 15 minutes pour monter avec l’aide de ma femme. Il me regardait d’en haut avec un regard qui me disait : « hé mon mieux, j’ai 81 ans et couru pour monter ces marches. Qu’est-ce qui t’arrives ? ». Ma femme et moi en rigolons encore.

La 3ème pochette : Luther’S Blues – a Tribute to Luther Allison (2010).
Walter Trout : Luther est l’un des plus grands artistes que j’ai rencontrés, en plus d’avoir été l’un de mes amies les plus chers. Il a été un mentor pour moi. Il m’a toujours encouragé, jusqu’à me citer dans des interviews. Il n’a pas le millième de reconnaissance que nous lui devons. Donc je me suis dit qu’il fallait que quelqu’un le fasse. La photo sur la pochette nous montre lors du festival de Montreux en 1986. Quelqu’un la prise quand nous sommes descendus de scène. Elle est accrochée chez moi.

walter trout_03

Propos recueillis par Thorsten Wollek / Photos : Carsten Wilde (wilde.fr)

 

 

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Artiste/groupe

Afterbeat Aimée Mann Apocalyptica Archive Arctic Monkeys Asaf Avidan Babyshambles Bastille BB King Ben Ellis Bernard Allison Biffy Clyro Billy Talent Black Light Burns Black Star Riders Bloody Betroots Brad Brian May & Kerry Ellis Brit Floyd Bryan Adams Celtic Legends Chickenfoot Children Of Bodom Chris Isaak Death Cab for Cutie Deep Purple Dropkick Murphys Electric Guest Epica Escape The Fate Everything Everything Flavia Coelho Fleetwood Mac Flower Kings Garbage Gerry Mc Avoy Goldfrapp Gossip Half Moon Run Hellfest Imagine Dragons In Extremo INXS Irish Celtic Jake Bugg Jamie Cullum Jamiroquai Jason Lytle John Cale Johnny Lang Johnny Winter Joy Wellboy Katie Melua Keane King Krule Kopek La Grande Sophie Leon Russell Letz Zep Little Barrie Marillion Mark Lanegan Mathieu Chedid Megaphonic Thrift Michael Schenker Midlake Miles Kane Morcheeba Morissette Motorhead Mumford & Sons Musical Box Mystery Jets Neal Morse Band Nightwish Odyl Palma Violets Paradise Lost Patrick Rondat Paul Gilbert Pet Shop Boys Peter Gabriel Placebo Queens of The Stone Age Rachael Yamagata Robert Cray Band Rock Meets Classic Roger Hodgson Sahron Corr Saint Saviour Sarah Blasko Seal Seasick Steve Sigur Ros Simple Minds Skip The Use Smashing Pumpkins Soldat Louis Solidays Spin Doctors Stanley Clarke & Stewart Copeland Status Quo Steve Hackett Steve Lukather Steve Miller Steve Vai Steven Wilson Tarja The Australian Pink Floyd The Black Crowes The Computers The Cranberries The Cult The Cult The Dubliners The Editors The Killers The Levellers The National The Pretty Things The Script The View The Waterboys The Who Tom Petty Tony Mc Alpine + Patrick Rondat Toto Travis UFO Van Morrison Villagers Waltari Wishbone Ash Yo La Tengo Zucchero ZZ Top
En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de cookies pour améliorer votre expérience d’utilisateur et vous offrir des contenus personnalisés.