Quatre ans après la sortie de leur premier album éponyme, le groupe américain Avi Buffalo et son jeune et talentueux leader Avi Zahner-Isenberg refont surface avec le très soigné At Best Cuckold.
Quatre ans déjà… C’est sûrement en lisant une critique au hasard ou en tombant sur la pochette du premier album Avi Buffalo que j’ai commencé à apprécier cette formation originaire de Long Beach, Californie. De l’indie à la The Shins, le truc bien cool pour s’imaginer en road trip ou au coin du feu au beau milieu de nulle part. Simple, efficace, accrocheur, un album qui ne payait pas de mine mais qui m’avait scotché.
Alors quand je découvre At Best Cuckold, ma première réaction est : « Me suis-je planté ? Est-ce bien le Avi Buffalo que j’ai connu autrefois ? » Ce n’est plus le groupe qui chante d’une seule et même voix, c’est la voix du groupe que j’entends, celle d’Avi Zahner-Isenberg, jeune musicien très doué de 23 ans. Ce n’est plus l’indie souriante et colorée, c’est une pop assez mélancolique et sombre.
Pourtant, la musique d’Avi Buffalo reste semblable sur bien des aspects : le titre d’ouverture So What suit la lignée d’un rock aventureux des débuts (même si « so what » beaucoup), trois bons solos de guitare électrique sont à déguster sans modération sur Memories of You, Found Blind et Oxygen Tank et surtout on retrouve le groupe brailler joyeusement sur certains morceaux, ce qui, pour moi, faisait leur marque de fabrique.
Mais Avi Zahner-Isenberg aura pris un autre chemin sur cet album. Il nous conduit à la rêverie et à la mélancolie, avec des textes plus personnels et plus profonds. Il y parle de son ex à plusieurs reprises (Memories of You, Won’t Be Round No More), de relations, de sentiments… Musicalement, c’est dans l’ensemble très différent de l’énergique Avi Buffalo : Overwhelmed With Pride contient de la guitare sèche et du cor français, She’s Seventeen apporte son lot de piano. Les titres sont globalement beaucoup plus calmes et léchés, ce qui enlève un peu la part d’originalité et de spontanéité du groupe.
Si je m’attendais aux rythmes et compositions similaires au premier album, c’est râpé. At Best Cuckold est le virage à 180° qu’a décidé de prendre Avi, à tort ou à raison. Je n’ai peut-être pas le même coup de cœur qu’avec l’album des débuts, mais plus j’écoute ce second opus et plus j’apprécie les différentes mélodies semées et éparpillées par ce groupe, qui mérite tout de même qu’on se penche sur son œuvre.
Chronique : Romain Hemelka