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Interview : Arjen Lucassen

Connu au travers de son projet opéra rock Ayreon, l’auteur, compositeur et multi-intrumentaliste le plus célèbre des Pays-Bas s’est finalement décidé de poursuivre une carrière solo le temps d’un album. Arjen Lucassen a accepté de nous parler à l’occasion de la sortie de son nouvel album « Lost In The New Real ».

Rock’nConcert : Comment se fait-il que « Lost In The New Real » apparaisse sous le nom d’Arjen Lucassen ?

Arjen Lucassen : La principale raison est que je chante moi-même sur la totalité de l’album, ce qui n’est pas le cas pour mon projet Ayreon, où je fais appel à de nombreux invités. A titre d’exemple, l’album 01011001 ne rassemblait pas moins de 17 chanteurs et de très nombreux musiciens ! C’est juste incroyable. Donc, cette fois,  j’ai décidé de m’occuper de tout. C’est en fait un projet que j’ai en tête depuis de nombreuses années, sauf qu’à chaque fois j’ai commencé à inviter un tel ou un tel à venir chanter car les chansons s’y adaptaient bien. Mais cette fois ci j’ai enfin réussi à aller seul jusqu’au bout (rires !).

Rock’nConcert : Comment t’es tu senti derrière le micro ? Etais-tu nerveux ?

Arjen Lucassen : En fait non, car j’ai fait d’énormes progrès en chant. Et j’ai écrit tous les titres de « Lost In The New Real » en les adaptant à ma voix car je connais mes limites. Par exemple, je suis incapable de chanter du métal. Mais c’a été un vrai chalenge pour moi de rendre cet album captivant, alors qu’il ne contient que ma propre voix à la différence des albums parus sous le nom d’Ayreon. Aussi, je n’étais pas sur que mes fans me suivent sur ce projet solo.

Rock’nConcert : Peux-tu rapidement nous résumer l’histoire racontée sur « Lost In The New Real » ?

Arjen Lucassen : Je me suis toujours intéressé à ce que pouvait ressembler le futur. J’ai voulu écrire une histoire futuriste et réaliste à la fois. C’est l’histoire d’un homme qui souffre d’une maladie incurable. Il se fait congeler et se réveille guéri cent ans plus tard. Evidemment, le monde a totalement changé. Et la question principale est de savoir s’il est capable de différencier le vrai du faux. Est-il capable de s’adapter à cette nouvelle réalité, d’où le nom donné à l’album « Lost In The New Real ».

Rock’nConcert : Qu’en est-il des critiques de l’album ?

Arjen Lucassen : Elles sont incroyables ! Je ne m’y attendais pas trop car l’album rassemble des styles de musique et des ambiances totalement différentes, passant par le très joyeux « Pink Beatles in a Purple Zeppelin » au très sombre « Parental Procreation Permit ». Je pensais qu’il serait difficile de satisfaire tout le monde à la fois. J’ai vraiment sous estimé mon public car j’ai réalisé qu’ils sont très ouverts. Ils apprécient la bonne musique, quelque soit le style de musique utilisé. La note la plus mauvaise doit être 7/10 !

Rock’nConcert : Le son est plus doux sur ton nouvel album que sur tes précédents projets. Etait-ce volontaire ?

Arjen Lucassen : C’est uniquement lié au fait que je suis incapable de chanter du métal (rires !)

Rock’nConcert : Au sujet de la chanson « Pink Beatles in a Purple Zeppelin », penses-tu vraiment que chaque note et mélodie ont déjà été jouées ?

Arjen Lucassen : L’histoire racontée se passe cent ans plus tard, donc je pense effectivement que tout aura été fait jusque là. A l’heure actuelle, il devient déjà de plus en plus difficile de réinventer. Alors, qu’en sera-t-il dans cent ans !

Rock’nConcert : Tu mélanges de la musique inspirée des années 60/70 avec des sujets de science fiction, c’est un mélange assez contradictoire, non ?

Arjen Lucassen : Ca va te sembler étrange, mais la science fiction est déjà dépassée (rires !). Si tu regardes Star Trek et notamment les vieilles séries de science fiction, tu vas remarquer qu’elles ont mal vieillies. En tout cas, ces séries et des films comme Blade Runner m’inspirent énormément. Et j’adore mêler les contradictions. Je suis inspiré par la musique de l’époque mais je ne pense pas que ma musique soit démodée pour autant. J’utilise des sonorités de l’époque tout en leur injectant la qualité et le son d’aujourd’hui.

Rock’nConcert : Tu crées des albums concepts et de véritables opéras rock avec Ayreon. D’où vient cette envie de raconter des histoires et quels sont les albums qui t’y ont inspirés ?

Arjen Lucassen : Tout a commencé par la comédie musicale Jesus Christ Superstar sortie en 1970 avec Ian Gillan (Deep Purple) au chant. Il m’arrive encore de l’écouter aujourd’hui. Les albums  Tommy et Quadrophenia de The Who, sorties à la même époque, m’ont également énormément inspiré. Il y a aussi War of The Worlds de Jeff Wayne, plus méconnu. Je trouve ça passionnant de suivre une histoire sur de la musique.

Rock’nConcert : Qu’essaies-tu d’éveiller auprès de tes fans au travers de ta musique ?

Arjen Lucassen : J’ai pour seul objectif de les divertir sans pour autant leur inculquer mes propres opinions. Je ne suis pas politicien. Je reçois des mails quotidiennement de gens qui me disent qu’ils étaient déprimés et qu’en écoutant ma musique ils ont retrouvé goût à la vie. C’est magique d’être capable d’aider les gens avec ma musique.

Rock’nConcert : Tu t’inspires de groupes comme Pink Floyd, Deep Purple, Beatles, Jethro Tull sur ton nouvel album. Etait-ce volontaire et s’agit-il de tes groupes préférés ?

Arjen Lucassen : Ce sont effectivement mes groups préférés. Je pense que la musique écouté lors de l’adolescence te marque à vie et a un maximum d’impact sur toi. Mais ce ne sont pas mes seules inspirations car il y en a un très grand nombre. Je n’ai pas retenu ces influences lors de la composition des morceaux car elles sont une partie de moi.

Rock’nConcert : Parmi tes albums lequel préfères-tu et pourquoi ?

Arjen Lucassen : « Into The Electric Castle » sous le projet Ayreon a été un album très important pour moi. Les deux premiers albums avaient eu du succès et donc il fallait que le troisième soit béton ! C’était l’ère avant les ordinateurs et cela reste un album magique pour moi et pour de très nombreux fans pour lesquels cet album signifie également beaucoup.

Rock’nConcert : Tu ne regardes pas la télévision et tu ne lis pas les journaux. Ecoutes-tu beaucoup de musique au quotidien ?

Arjen Lucassen : Oui, j’écoute énormément de musique, notamment en faisant mon jogging tous les jours. A ces moments là j’écoute principalement des nouveautés. Mais c’est difficile de découvrir de la vraie bonne musique parmi les nouveautés. Ce matin par exemple j’ai écouté le nouvel album de RPWL, même si ce n’est pas vraiment un nouveau groupe (rires !).

Rock’nConcert : Tu portes beaucoup d’importance aux pochettes de tes albums. D’où cela vient-il ?

Arjen Lucassen : J’y ai toujours porté énormément d’importance. L’album Jesus Christ Superstar, dont je parlais tout à l’heure, était accompagné d’un coffret avec un poster et un livret énorme avec toutes les paroles. Pour moi, la musique et la pochette forment un tout. Et c’est malheureux que les jeunes d’aujourd’hui ne connaissent pas cela. A l’époque on économisait des semaines pour pouvoir s’offrir un disque ! On l’écoutait en analysant la pochette et tous les textes et paroles imprimés.

Depuis, j’enregistre mes propres albums, je trouve passionnant de travailler sur les pochettes et de pouvoir offrir ce même plaisir à mes fans. J’essaie à chaque fois de travailler avec le meilleur artiste possible pour concevoir les pochettes. Et je suis persuadé que de nombreux fans portent autant d’importance aux pochettes que moi.

Rock’nConcert : Tu es très accessible auprès de tes fans. Comment cela se fait-il ?

Arjen Lucassen : La raison principale est que je ne donne plus de concerts et que c’est le seul moyen de garder des liens avec mes fans. Le fait de ne pas faire de tournées et de ne pas avoir d’enfants me fait gagner énormément de temps. Je passe entre 4 et 6 heures devant mon ordinateur chaque jour pour échanger avec mes fans et répondre à des interviews. Et il est vital pour moi de savoir ce que pensent mes fans au sujet de ma musique.

Rock’nConcert : Sur ton nouvel album, tu as fait appel aux services de Edgar Hauer, l’un de tes acteurs préférés. Comment y es tu arrivé ? le fait d’être hollandais comme lui a-t-il facilité les choses ?

Arjen Lucassen : Je ne pense qu’il sache que je suis hollandais car on a échangé en anglais et ce au travers de mon manager. Je l’ai contacté via son site Internet et il a accepté d’écouter des extraits de mon album. J’étais un peu nerveux car je l’admire énormément. Je ne compte plus le nombre de fois que je l’ai vu dans Blade Runner, l’un de mes films préférés. Mais on ne s’est pas rencontré physiquement car il habite aux Etats-Unis.

Rock’nConcert : Tu ne fais plus de tournées. Quels sont tes projets dans les prochains mois ?

Arjen Lucassen : Je vais évidemment démarrer le prochain projet dès que possible. Je ne prévois pas spécialement à l’avance car c’est finalement assez imprévisible. Comme je l’ai expliqué plus tôt, j’avais tenté de nombreuses fois de faire un album solo. Je pense que de nombreux fans attendent un nouvel album de Ayreon avec impatience car le dernier album date d’il y a quatre ans.

Rock’nConcert : Tu vends beaucoup de disques en Allemagne. Qu’en est-il en France ?

Arjen Lucassen : L’Allemagne est mon premier marché et ca l’est d’ailleurs de manière générale sur le marché mondial de la musique. La France est dans le Top 5 de mes ventes. J’ai d’ailleurs mené de nombreuses interviews avec des journalistes français pour cet album et j’ai eu de très bonnes critiques. La France est un pays très important pour moi car j’ai passé de nombreuses vacances dans le sud de la France et c’est la raison pour laquelle je parle un peu français.

Rock’nConcert te remercie pour cette interview.

 

 

 

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  1. Interview de Arjen Lucassen (Ayreon) 2017, Mai 10, 2017
    […] par téléphone à deux reprises, (pour la sortie de The Theory Of Everything et celle de son album solo Lost In The New Real), nous étions impatients de rencontrer personnellement Arjen Lucassen. Génie musical (et géant […] Reply

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